Nigel Farage est en train de devenir le poil à gratter du paysage politique britannique. Farage est un personnage affable, accessible, considéré par les médias comme un "bon client". Il est surtout devenu sans avoir fait grand chose le 3è homme politique du pays derrière Miliband pour la gauche et Cameron pour la droite. Son credo : l'Europe et l'immigration. Et ces derniers temps, il n'a cessé de progresser dans l'opinion publique britannique récoltant les déçus de la coalition gouvernementale c'est à dire ceux qui avaient fait confiance aux conservateurs mais aussi ceux qui avaient donné une légitimité à Nick Clegg le leader des libéraux démocrates. Or Clegg apparaît aujourd'hui comme complètement perdu. Fidèle à Cameron au sein de la coalition, il a dû renoncer à toutes ses idées pour le bien de la coalition et pour éviter qu'elle n'explose. Remettre en cause la coalition, c'est retourner aux urnes, il perdrait alors des voix par rapport à 2010 où il était devenu l'homme fort, et perdrait donc beaucoup de ses représentants à la chambre des communes. Ses amis parlementaires libéraux-démocrates n'ont donc aucun intérêt à retourner aux urnes plus rapidement que prévu. Mieux vaut rester au pouvoir jusqu'au bout...à priori Avril 2015, quitte à renier toutes ses promesses de campagnes.
Avenir au sein du pouvoir ?
Tout cela fait donc les affaires de Farage qui n'a plus qu'à attendre pour récolter les fruits de la situation actuelle. Son but ? jouer à son tour le rôle du partenaire incontournable, celui dont on a besoin pour former un gouvernement mais qui ne sert pas à grand chose dans l'exercice du pouvoir. On imagine ce que serait un Farage au côté d'un Cameron réélu ( hypothèse plausible ). Il imposerait ses conditions : une sortie de l'Europe qui serait alors quand même soumise au vote via un référendum et un repli sur soi. Une grande-Bretagne qui modifierait complètement sa politique en matière d'accueil. Plus aucune obligation vis à vis de Bruxelles, c'est le rêve de Farage qui juge toute immigration comme néfaste. Un argument qui fait évidemment mouche en ces temps difficiles.
Voir la vidéo sur l'annonce du référendum et la réaction de Farage :
Images signées Thomas Donzel.
Un signe qui ne trompe pas : Farage a récemment dîné avec Murdoch, le magnat de la presse britannique. Lire l'article :
http://www.bbc.co.uk/news/uk-21710739
Les journaux de Murdoch sont ouvertement anti-européen et anti-immigration, Murdoch qui dirige le Sun a toujours fait les élections : Thatcher, Blair puis Cameron. The Sun avait ouvertement appelé à voter pour ces leaders-là ; le journal le plus populaire du pays ne s'est jamais trompé, pas étonnant qu'il s'intéresse à Farage. Bien sûr le leader d'UKIP (United Kingdom Independence Party ) n'est pas en mesure de gagner les prochaines élections générales mais il peut facilement être le troisième homme, voir même le deuxième.
Jacques Cardoze