Qui prendra la tête de la prochaine Commission européenne ? 

© Parlement européen/Emilie Gomez

Les candidats à la présidence de la Commission européenne ont débattu dans l'hémicycle du Parlement à Bruxelles le 15 mai dernier. Après les élections européennes, le premier poste qui sera pourvu est celui du patron de la Commission européenne. Les groupes politiques au sein du Parlement ont tous désigné leurs candidats que l'on appelle les « Spitzenkandidaten », qui se traduit de l'allemand par candidats « têtes de liste ».

Durant ce débat d'une heure et demie, les candidats ont débattu sur six thèmes : l'immigration, la justice fiscale, le chômage des jeunes, le changement climatique, le commerce et la montée de l’euroscepticisme et du populisme.

Le candidat du Parti Populaire Européen (PPE) Manfred Weber, la première force politique au Parlement européen figure comme le favori pour ce poste. Député européen depuis 2004, le Bavarois assure la présidence du groupe des démocrates chrétien de droite depuis 2014. Mais dans le débat d'hier, il restait sur la défensive face aux attaques de son principal opposant Frans Timmermans, membre du Parti socialiste (PSE). Cet ex-chef de la diplomatie néerlandais, excellent orateur et polyglotte, a crée le buzz dans la salle et sur les réseaux sociaux grâce à ses « punchlines » notamment celle sur le Brexit. « Le Royaume-Uni ressemble aujourd'hui à Game of Thrones sur les stéroïdes » a-t-il déclaré. Sur les enjeux climatiques, il a également lancé un appel aux Verts, aux libéraux et à la gauche radicale à former une alliance progressiste.

Face à eux, Margrethe Vestager, commissaire à la Concurrence, représentait les libéraux de l'ALDE. La Danoise qui est notamment connue pour ses sanctions contre Google, Apple ou Amazon, a su expliquer clairement qu'elle défendait les intérêts des consommateurs européens. Elle s'est démarquée sur les questions de justice fiscale et a déclaré « pour moi un paradis fiscal c'est un endroit où tout le monde paie ses taxes ».

Représentant le parti de la Gauche unitaire (GUE), le Belge Nico Cué a commencé par rappeler son parcours de syndicaliste dans la région liégeoise. Fils d'immigrés espagnols, l’ancien leader des Métallurgistes, a été très critique envers ses adversaires notamment ceux issus des partis au pouvoir. Il a plaidé pour plus de justice sociale, fiscale et environnementale.

L'Allemande Ska Keller, chef de file du groupe des Verts, a elle aussi mis ses opposants face à leurs contradictions sur les questions d'écologie en leur rappelant qu'ils avaient voté contre des « objectifs climatiques plus ambitieux ». Députée européenne depuis 2009, elle était déjà la candidate du Parti vert européen à la présidence de la Commission européenne en 2014.

Enfin, le groupe des conservateurs (ECR) a choisi l'eurosceptique tchèque Jan Zahradil pour les représenter. Le député européen en fonction depuis 2004 revendique notamment rééquilibrage des pouvoirs au profit des Etats membres. Il estime que la Commission européenne doit respecter les gouvernements nationaux et ne pas jouer les donneurs de leçons.

En résumé, un débat policé et constructif. Pourtant, il est possible qu'aucun de ces six candidats ne soit élu à la présidence de la Commission. En effet, ce système de « Spitzenkandidat », instauré en 2014 pour donner plus de légitimité démocratique à la nomination du président de la Commission européenne, est refusé par certains dirigeants des Etats membres comme Emmanuel Macron ou Alexis Tsipras. Selon le Traité de Lisbonne, c'est bien le Conseil européen et donc les chefs d'Etats et de gouvernement qui ont le dernier mot et le pouvoir de désignation du chef de la Commission européenne.