Le Parlement européen vient de se prononcer, mardi 16 janvier 2018, à une large majorité pour l’interdiction de la pêche électrique : 402 voix pour contre 232 contre et 40 abstentions. Ce sujet est très controversé en raison de son impact sur les fonds marins et la faune marine.
La pêche électrique consiste à envoyer des impulsions électriques dans les sédiments afin de pêcher plus facilement les poissons plats comme des cabillauds ou des soles enfouis dans les fonds sableux.
Pour le commissaire européen à la pêche, Karmenu Vella : « La méthode conventionnelle a un impact négatif sur l’écosystème, alors que la pêche électrique si elle est bien contrôlée et bien appliquée peut représenter une pêche de substitution plus écologique ». En opposition, certains députés européens sont montés au créneau pour demander l’interdiction de cette pratique. Younous Omarjee député européen du GUE (Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique) a comparé cette pêche à « une arme de prédation massive ».
Cette technique est dénoncée notamment par les ONG environnementales, par les pêcheurs artisanaux français, belges et anglais. Claire Nouvian, directrice de l’association Bloom qui milite pour la prohibition déclare : « le poisson est saisi de convulsions comme après un tir de taser ». Quant à Yannick Jadot, député vert européen, il demande aux députés de se prononcer clairement : « Soit nous poursuivons et nous généralisons l’électrocution des fonds marins, qui déciment les poissons et sacrifient les pêcheurs. Soit nous protégeons les ressources et la pêche artisanale. » Le député européen a déposé des amendements demandant l’interdiction de la pêche électrique.
Des pêcheurs qui s’affrontent
Les pêcheurs de Belgique, de France et du Royaume-Uni dénoncent une concurrence déloyale qui épuise leurs stocks et les empêche de poursuivre leurs activités. Stéphane Pinto, marin-pêcheur à Boulogne-sur-Mer affirme avoir perdu plus de 50% de sa production en 5 ans. Pour les pêcheurs artisanaux, la mer est devenue un « désert à poisson ». Ils accusent les pêcheurs néerlandais de capturer toute la ressource, de ne pas respecter la limite d’intensité électrique et de tuer les jeunes poissons.
Pourtant interdite depuis 1998, cette méthode de pêche est tout de même utilisée via une dérogation accordée par la Commission européenne en décembre 2007. En effet, 5% de la flotte de chaque pays de l’Union européenne est autorisé à recourir à la pêche par impulsion électrique à titre expérimental. Mais d’après l’ONG Bloom, les Pays-Bas ont obtenu de la Commission européenne en 2011 puis en 2014 deux dérogations supplémentaires pour équiper 84 de leurs bateaux en câbles électriques soit 30% de leur flotte actuelle.
Face à ces critiques, les pêcheurs néerlandais (qui respectent leurs quotas annuels) se défendent en expliquant que la pêche électrique est « une technique douce qui permet de protéger le climat et les fonds marins », car elle permet de consommer moins de carburant et donc d’avoir des émissions de CO2 plus faible.
Ce vote marque qu’une étape dans le parcours législatif. A présent, le Parlement va entrer en négociation avec le Conseil et la Commission pour trouver un compromis final.