La désignation de Martin Selmayr, au poste de secrétaire général de la Commission, le jeudi 21 février 2018, continue de susciter des remous. L’audition de monsieur Oettinger, commissaire au Budget et aux Ressources humaines tentait éclairer les raisons de cette nomination surprise, sans vraiment convaincre.
Le Parlement européen avait saisi son service juridique pour contrôler la base légale de cette mutation expresse. Vérification faite, la présidente de la Commission du Contrôle Budgétaire Ingeborg Grässle membre du PPE, a conclu que les procédures n’ont pas été pleinement remplies : « il y aurait dû avoir une publication de l’ouverture du poste [...] cela n’a pas eu lieu ».
Echanges musclés entre les eurodéputés et le commissaire
Pendant plus de deux heures, le commissaire européen chargé du Budget et des Ressources humaines, Günther Oettinger a dû faire face aux pics des parlementaires européens. La Commission avait adressé aux eurodéputés 80 pages de réponses à leurs 134 questions sur cette promotion controversée. Mais ses explications n’ont pas calmée la colère de Gerben-Jan Geerbrandy, député du Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe, qui voient dans celles-ci « un scénario à la Trump » et d’un « coup d'État politico-administratif ».
Oettinger rétorque : « Nous n’avons jamais agi à la Trump et nous n’avons pas menti. Le style de Trump est étranger à la Commission, depuis la couleur des cheveux jusqu’au bout des orteils. » Pour Bruxelles, tout a été respecté et fait selon les règles.
Le « Mazarin » européen
Dans une lettre adressée le jeudi 1 mars à tous les fonctionnaires européens, le nouveau secrétaire général Martin Selmayr affirme que ce poste est « le cœur et l’âme de la Commission européenne ». Homme intelligent et redouté, le nouvel homme fort de la Commission, Selmayr s’est vu accorder du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Ce dernier a menacé de démissionner dans le cas où Selmayr serait obligé de renoncer à son poste.
En pleine tempête Juncker joue le tout pour le tout mais c’est surtout l’image de la Commission européenne qui est entachée. Le président français Macron, lors du sommet de mars, avait rappelé les qualités de Selmayr et plaidé pour la transparence admettant avoir "pleinement compris" les réactions médiatiques et parlementaires suscitées par cette promotion rapide de Martin Selmayr.