« C’est une année historique pour les relations entre le Japon et l’Union Européenne », a déclaré en mars dernier, Jean-Claude Juncker, à propos de la conclusion de l’accord prévu à la fin de l’année. La venue de Shinzo Abe, le Premier ministre japonais le 21 mars à Bruxelles n’était pas simplement une visite de courtoisie, mais l’objectif était de relancer des négociations approfondies sur le sujet.
Cette alliance, censée booster le commerce entre les deux pays, n’est pas récente : l'UE et le Japon ont entamé des pourparlers lors d’un sommet en 2011. Commencées en 2013, les négociations devaient se conclure en 2015, mais elles ont pris du retard.
Un accord qui fait débat
Après le vote sur le CETA, objet de nombreuses contestations, et l’abandon par les Etats-Unis du TTP, le traité transpacifique, l’Union Européenne persiste sur la voie du libre-échange. Quelques chiffres : le Japon qui compte 127 millions d’habitants et l’UE, 508 millions, représentent plus d’un tiers de la croissance économique mondiale.
Selon Eurostat, en 2016, les importations provenant du Japon se montent à plus de 66 milliards d’euros et Tokyo exporte pour un montant de 58 milliards. En Europe, l’Allemagne est le premier pays à traiter avec le Japon. « Dans un moment de protectionnisme, il est important de montrer qu’on continue à croire dans le commerce », déclare Luisa Santos de Business Europe.
Trop de taxes
Parmi les domaines sensibles, il y a l’agriculture et l’automobile : le Japon souhaite l’abolition les droits de douane européens dans ces secteurs à condition que l’UE fasse un effort de son côté.
Pour sa part, le secteur automobile est inquiet : en effet, les voitures japonaises ont plus de succès en Europe que les véhicules européens au Japon. L’instauration de droits de douane crée des coûts supplémentaires pour les constructeurs européens et japonais. « Les voitures japonaises qui entrent en Europe sont vendues 10% plus chères, quant aux voitures européennes qui arrivent au Japon, c’est peut être 4-6% en plus » affirme Luisa Santos.
Autre sujet délicat : le mécanisme d’arbitrage, qui permet à des investisseurs d’attaquer les Etats devant des tribunaux privés - l’une des critiques déjà présente dans le TAFTA, le projet d’accord commercial avec les Etats-Unis - évoque la prééminence des intérêts privés sur l’intérêt général. Pour Michel Cermak du centre national de coopération au développement, cette épée de Damoclès de l’arbitrage privé pourrait se faire au détriment de la santé des consommateurs. Pour sa part, le Japon reste favorable à ce mécanisme d’arbitrage privé.
Selon la Commission Européenne, l’accord devrait augmenter le PIB de l'UE de 0,76% et celui du Japon de 0,29%. Malgré les différents points de discorde entre les deux partenaires, Bruxelles mise sur une conclusion définitive de ce partenariat économique et commercial d’ici la fin de l’année.
Marine Meunier et Pascal Verdeau