Thierry Breton sera le prochain commissaire européen au Marché intérieur. Un mois après le revers cinglant de Sylvie Goulard, il remporte l’adhésion des députés européens. Et avec, l’intégralité du portefeuille un temps promis à la candidate retoquée.
C’était le « plan B » de la France, mais plus des deux tiers de la commission ad hoc ont reconnu à Thierry Breton les compétences nécessaires au poste de commissaire au Marché intérieur. Le PPE (droite européenne), les Socialistes et démocrates, les centristes de Renew et les conservateurs d’ECR ont approuvé son « grand oral », hier après-midi. L’ancien ministre de l’économie aura donc pour charge l’industrie, le numérique, la défense, l’espace et la culture. Des domaines qu’il maitrise et qu’il a pratiqué à la tête de grands groupes industriels, notamment France Télécom ou Atos. Un passé entrepreneurial qui dérange les écologistes, la gauche radicale et l’extrême droite. Leurs députés ont rejeté la candidature de Thierry Breton et réclamé, sans y parvenir, davantage de clarifications, en particulier sur les potentiels conflits d’intérêts du commissaire.
#ThierryBreton validé par le Parlement européen à la suite de son audition. Avec le soutien des groupes PPE, S&D, Renew et CRE. On doit souffler a l’@Elysee ...
— Valéry Lerouge (@valerylerouge) November 14, 2019
« Zéro, zéro » conflit d’intérêt
Pour se prémunir d’un rejet de sa candidature, l’ancien PDG d’Atos avait liquidé l’ensemble des actions qu’il détenait dans la firme de services numériques. En plus d’avoir renoncé à l’ensemble de ses fonctions décisionnaires. Mais mardi, la commission des affaires juridiques du Parlement européen, chargée de se prononcer sur ces conflits d’intérêts, n’avait accepté que de justesse la candidature du français : 12 voix pour, 11 voix contre.
Hier, l’ancien PDG d’Atos a visiblement pu apporter des garanties d’indépendance supplémentaires. « Je n’ai plus aucun intérêt dans les entreprises que j’ai dirigées. Zéro, zéro! » assurait-il. Même sa retraite-chapeau, il promet de ne la toucher qu’à l’issue de son mandat à la Commission européenne. Et pour ses futurs rendez-vous de travail, Thierry Breton s’engage à ne jamais rencontrer seul un représentant d’Atos ou de ses filiales et à se récuser dès que des contrats seront en discussion entre ces entreprises et l’Union européenne. Ce dernier engagement, « rien dans le règlement ne l’y oblige » souligne un porte-parole de Renew. Un geste qui a, selon toute vraisemblance, su satisfaire la grande majorité des édiles européens. Que ce soient Andreas Schwab (PPE) ou Christel Schaldemose (S&D), certains des plus sévères et des plus sceptiques envers l’indépendance de Sylvie Goulard ont soutenu le second candidat Français.
Prise de fonction au 1° décembre
Confirmée par les eurodéputés, la nomination de Thierry Breton rassure quant à l’entrée en fonction de la Commission européenne au premier décembre. Reste que la candidature du second commissaire pressenti hongrois, Olivier Varhelyi, a elle été bloquée. Il est invité par les députés à répondre à cinq questions écrites, mais devrait tout de même être validé a ce poste la semaine prochaine. Il restera encore le problème du Commissaire britannique. Les Traités prévoient que la Commission doit être composée d’un commissaire de chaque état membre, et Boris Johnson refuse d’en nommer un avant les élections du 12 décembre.