Les sécessionnistes l’emportent et Madrid est désavoué. Ces élections régionales anticipées ont vu les trois partis indépendantistes remporter une courte majorité de sièges au Parlement, avec en tête Junts per Catalunya, la formation de Carles Puigdemont. Du fait du mode de scrutin, ils recueillent à eux seuls la majorité absolue, 70 sièges sur 135, même s’ils n’ont obtenu que 47,5% des voix (les régions rurales disposent de plus de sièges).
C’est un terrible revers pour Mariano Rajoy, qui avait convoqué ces élections pour affaiblir le camp des indépendantistes. L’ex-président catalan destitué, C. Puigdemont, est en effet actuellement exilé à Bruxelles. Difficile dans ces conditions de mener campagne. Mais la crédibilité du scrutin ne pourra pas être remise en cause : 82% des Catalans se sont pressés aux urnes, pour se choisir un nouveau Parlement. Ou plutôt d’exprimer sa confiance à l’ancien gouvernement régional.
Pour autant, la tâche s’annonce compliquée pour Carles Puigdemont. Il est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt pour « rébellion et sédition », et risque 30 ans de prison. Impossible pour lui de remettre un pied en Espagne. Il a proposé à Mariano Rajoy de le rencontrer, à Bruxelles, « ou dans un autre pays européen, mais pas en Espagne ». Le chef du gouvernement espagnol a immédiatement rejeté la demande de l’ex-président Puigdemont. Il explique : « la personne avec laquelle je devrais m’asseoir, c’est celle qui a remporté les élections, Inès Arrimadas », la tête de liste du parti anti-indépendance Ciudadanos, qui a remporté le plus de sièges et de voix au parlement catalan.
De fait, c’est l’addition des voix des trois listes indépendantistes qui les place en tête, des formations qui n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour une liste commune en vue de ces élections. La sortie de crise est loin d'être imminente en Catalogne. A noter, la débâcle du Parti populaire (PP) de Mariano Rajoy, qui s’effondre en Catalogne, avec seulement 4,2% des voix.