Le Premier ministre sortant, et vainqueur du scrutin du 15 mars, peine à former un gouvernement sans le populiste Geert Wilders. Les écologistes ont claqué la porte aux négociations visant à former un gouvernement de coalition. Les Pays-Bas s’enlisent progressivement dans des tractations politiques de plus en plus difficiles, ce qui pourrait consolider la position du parti anti-islam et anti-Europe.
64 jours se sont maintenant écoulés depuis la victoire aux législatives de Mark Rutte, Premier ministre sortant, et la probabilité d’une majorité forte de 85 sièges au Parlement (sur 150 sièges) semble s'éloigner. Ce sont principalement des divergences sur l’immigration qui ont poussé le parti écologiste, une force politique grandissante dans le pays (14 sièges), à se retirer. Le parti écologiste de Jesse Klaver, se situant à gauche sur l’échiquier politique, avait d’ailleurs prôné, durant la campagne législative, une politique d’asile généreuse, loin des mesures restrictives souhaitées par Mark Rutte. Si l’immigration constitue l’obstacle principal, des divergences sur le changement climatique et les niveaux de revenus ont aussi lourdement pesé dans la balance.
Le défi est crucial. Dès le début des négociations, l’exercice d’une coalition s’avérait assez périlleux vu les différences majeures qui divisaient les partis réunis autour de la table. Ensemble, ils voulaient dégager une coalition forte pour reléguer le deuxième parti du pays, le Parti de la liberté de Geert Wilders, dans l'opposition. « Mais nous n’y sommes pas parvenus », reconnait Edith Shippers, celle qui supervise les négociations.
Retour à la case départ
Cet échec est décrit comme une grande déception par les trois partis toujours présents à la table des négociations. Le Parti libéral (VVD) du Premier ministre, ainsi que les chrétiens-démocrates du CDA et les progressistes du D66, doivent maintenant mettre en place un autre stratagème politique pour honorer la promesse faite par Mark Rutte. Au lendemain des élections du 15 mars, il s’était engagé à ne pas coopérer avec Geert Wilders. Il est donc très probable que les petits partis soient maintenant sollicités. L’Union chrétienne a déjà été citée comme un candidat potentiel, ce qui conférerait alors au gouvernement de Rutte une fragile majorité de seulement 76 sièges.
Pour autant, pas d’affolement aux Pays-Bas. En effet, le pays a une longue histoire de tractations ardues dans l’élaboration de gouvernement de coalition. En 2012, il avait déjà fallu à Mark Rutte 54 jours pour constituer un gouvernement. Un éventuel retour aux urnes n'est donc pas envisagé pour le moment, mais ce serait l'ultime solution à une crise politique beaucoup plus sérieuse.