Le lundi 6 mars, François Hollande accueillait à Versailles les chefs d’État allemand, italien et espagnol pour un mini-sommet entre les pays les plus peuplés de l’Union.
C’est un véritable plaidoyer pour une Europe à plusieurs vitesses post-Brexit qui a été formulé lors de cette réunion en comité réduit. Pour le président français, « quelques pays » pourraient « aller plus vite » et « plus loin dans des domaines comme la défense, comme la zone euro, à travers l’approfondissement de l’Union économique et monétaire, comme l’harmonisation fiscale et sociale, comme la culture ou la jeunesse ». La chancelière allemande a surenchéri à la sortie du sommet en déclarant : « Nous devons avoir le courage d’accepter que certains pays aillent de l’avant et avancent un peu plus rapidement que d’autres ». Les pays de l’Est sont ainsi visés, eux qui ont tendance à freiner leur participation à plusieurs dossiers. Ces nouveaux traits de la construction européenne, énoncés d’une seule voix par ces quatre nations, s’inscrivent dans une volonté d’afficher une unité politique au sein d’une Europe tourmentée. En effet, tous s’inquiètent du sentiment de « défiance, de fatigue », pour reprendre les termes du président du Conseil italien, qui alimente les populismes en Europe.
Ces idées sont formulées à l’aube d’autres grands rendez-vous européens. Ce mini-sommet avait notamment comme objectif de préparer le sommet européen du 9 et 10 mars, qui se tiendra à Bruxelles, ainsi que celui du 25 mars prochain, célébrant les 60 ans du Traité de Rome. La journée du 10 mars devrait permettre aux états membres de préparer cette commémoration, par la rédaction d’une déclaration commune sur l’avenir de l’Union européenne à 27. Le sommet dans la capitale italienne doit en effet être celui du renouveau pour l’Europe et pour l’intégration des États membres. Ce sursaut européen est d’autant plus attendu et indispensable que la fin mars devrait coïncider avec le déclenchement du processus de sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni. Bruxelles espère néanmoins que la date de l'envoi de la notification de départ se rapprochera le moins possible du sommet de Rome, au risque de gâcher les festivités.