Dès ce matin, la salle de presse britannique semblait n’être déjà qu’un lointain souvenir. L’Union Jack n'est plus à l’entrée, les journalistes britanniques sont repartis, restent des portes closes que quelques photographes se pressent d’immortaliser.
C’est donc au cœur d’une Europe des 27 que s’est réveillé le Conseil ce jeudi matin. Vers 14h, le « petit-déjeuner » sans David Cameron s’est achevé. Dans la salle de presse allemande, Angela Merkel s’étend durant une vingtaine de minutes sur le choix du Royaume-Uni de se dissocier du reste de l’Union. Une initiative « regrettée mais respectée » et dont les 27 attendent que les conséquences soient tirées le plus rapidement possible.
Dans la salle de presse française voisine, François Hollande apparaît détendu. Pendant près d’une heure, le président se veut rassurant. Après avoir rappelé que l’accès au marché intérieur ne se ferait que si le Royaume-Uni respectait la libre circulation des personnes, il ironise sur le sort des Britanniques en remarquant que « ceux qui aiment le plus l’Europe sont ceux qui n’y sont pas, ou qui n’y sont plus». Et l’Ecosse en fait partie.
Dans la journée, la première ministre écossaise a rencontré les présidents du Parlement Martin Schulz et de la Commission Jean-Claude Juncker. Cheffe du parti nationaliste, Nicolas Sturgeon milite à nouveau depuis les résultats du Brexit vendredi, pour se dissocier du Royaume-Uni : « C’est une première rencontre à Bruxelles, afin que les gens comprennent que l’Ecosse, contrairement à d’autres parties du Royaume-Uni, ne veut pas quitter l’Union européenne. »
La veille, les chefs d’Etat ont déjà affirmé leur intention d’aller vite dans l’activation du désormais célèbre article 50. Le Président du Conseil européen Donald Tusk a confirmé que l’Union européenne est prête à entamer la procédure de divorce, « sans enthousiasme » cependant. Puis le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel s’est distingué par une punchline qui a eu le mérite de bien divertir les journalistes: « On n’est pas sur Facebook où le statut est "compliqué". Ici, on est mariés ou pas mariés. »
David Cameron, lui, est apparu solennel mais ému. Tard dans la soirée il a fait ses adieux à l’Union dans une salle de presse pleine à craquer. « Plus qu’elle ne l’avait jamais été » a-t-il d’ailleurs remarqué avec une pointe de cynisme. Comme si quelque part, son « je n’aime pas Bruxelles, j’aime le Royaume-Uni » débité quatre mois plus tôt à la même place, lui laissait un goût amer.
Finalement les chefs d’Etat quittent Bruxelles et laissent derrière eux ce qu’on pouvait attendre. Une Europe déterminée mais dans l’attente. Pleine de promesses pour le prochain sommet à Bratislava en septembre. Et une salle vide. Celle du Royaume-Uni.
V. Lerouge & C. Prolongeau