"Nous ne vous menaçons pas, mais..." Le dialogue est mal engagé. Devant un petit groupe de journalistes, le ministre des Affaires Étrangères Mevlut Cavusoglu a expliqué lundi 30 mai qu'il pourrait prendre des mesures administratives pour bloquer l'accord sur les migrants si ses ressortissants ne sont pas exemptés de visas avant la fin du mois de juin.
Le 18 mars dernier, Bruxelles avait décidé de permettre aux ressortissants turcs d'être exemptés de visas pour voyager dans l'Union européenne, en échange de la prise en charge de près de 3 millions de migrants. Mais Ankara doit d'abord satisfaire 72 critères pour l'exemption de visas, dont un qui fâche: la Turquie doit resserrer sa définition légale de "terrorisme", jugée trop large par l'UE puisqu'elle est utilisée pour poursuivre des universitaires et journalistes pour "propagande terroriste".
"De quelle définition parlez-vous ? En Europe, chaque pays a une définition différente du terrorisme ", a déclaré Mevlut Cavusoglu, faisant référence aux mesures strictes mises en place en France après les attentats de janvier et novembre 2015.
Le respect des droits de l'homme et de la liberté d'expression en Turquie reste un point de friction sensible entre Bruxelles et Ankara. Mardi 31 mai, une ancienne miss Turquie a été condamnée à une peine de 14 mois de prison avec sursis pour insulte envers le président Recep Tayyip Erdogan, dans un poème qu'elle avait posté sur le réseau Instagram. En Turquie, insulter le chef de l’État est passible de quatre ans de prison.