La Grèce est aujourd’hui prise en étau. Au sud, le flux de migrants ne se tarit pas et au nord, les pays frontaliers ferment tout ou partie de leurs frontières, bloquant ainsi des milliers de réfugiés bloqués dans la péninsule hellénique. L’Union européenne craint une crise humanitaire à l’intérieur de ses frontières.
Pour l’éviter, la Grèce réclame 480 millions d’euros, et cette fois, elle n’aura pas besoin de marchander et de batailler, car la Commission européenne a conscience qu’une véritable crise humanitaire couve dans le pays. L’enveloppe globale pourrait même tourner autour de 700 millions d’euros sur 3 ans selon le Wall Street journal. Cela doit servir d’abord à augmenter les capacités d’accueil en Grèce. L’armée est déjà à pied d’œuvre pour viabiliser des terrains inoccupés, notamment un ancien aéroport, mais cela coute cher. Cela servira aussi à nourrir les réfugiés. Déjà 10.000 sont pris en charge chaque jour par l’État grec, mais à ce rythme-là, ils seront sûrement 50.000 ou 70.000 personnes d’ici à la fin du mois.
Enfin, une petite partie de l’enveloppe pourrait servir à accélérer le retour des migrants économiques, ceux qui n’obtiendront jamais le droit d’asile. En clair, pour les renvoyer plus vite dans leur pays et pour éviter d'engorger d’avantage la Grèce. Ce plan d’aide humanitaire pour un pays membre de l’Union sera une première. Ce type de mesures n’est prévu par les textes que pour les pays tiers, comme le Liban ou la Syrie aujourd’hui. Mais la crise est désormais belle et bien dans l’Union. Cette proposition de la Commission est aussi une façon de reconnaitre que les patrouilles en mer de l’OTAN, les Hotspots sur les îles grecques, ou les moyens donnés à Turquie pour retenir les réfugiés ne fonctionnent pas. Cela devait tarir les flux de réfugiés, mais finalement, ils ne cessent d’augmenter. Aujourd’hui l’Union Européenne se veut pragmatique, et doit à tout prix éviter une crise humanitaire.