Plusieurs manifestations sont prévues dans tout le pays pour lutter pour les droits des femmes. Dans un pays culturellement machiste et inégalitaire comme le Brésil, les chiffres sur la violence faites aux femmes sont dramatiques.
« Il n’y a rien à fêter ».
C’est le titre d'une tribune sur Globo de Samira Bueno et Juliana Martins, du Forum brésilien de la sécurité publique. En cette journée de la femme, à la fois jour de célébration et jour de lutte dans le monde entier, les deux chercheuses dénoncent les violences faites aux femmes au Brésil. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le taux de fémicides au Brésil est le 5e plus élevé au monde : 4,8 pour 100 000 femmes.
Les chiffres, dans un Brésil très machiste, sont dramatiques : une femme est assassinée toutes les deux heures. L'une d'elle est victime de violence physique ou verbale toutes les deux secondes, et de harcèlement chaque 1,4 secondes, selon les données de l’institut Maria da Penha. Et dans cette société aux disparités sociales souvent marquées par la couleur de la peau... entre quartiers riches et favelas, les femmes noires ont trois fois plus de chance d'être victimes de violence que les femmes blanches.
Enquêtes et procédures longues
Pourtant, la loi brésilienne "Maria da Penha", entrée en vigueur en 2006, réglemente les violences faites aux femmes. Mais pour certaines critiques, elle n’est pas assez effective. Une étude de la fondation Getúlio Vargas sur la perception de la population envers la loi Maria da Penha montre que 53 % des interviewés pensent que la loi protège « peu » les victimes d’agression. 27% disent qu’elle ne les protège en rien.
Les dénonciations sont encore peu nombreuses et les enquêtes policières et les procédures judiciaires sont souvent lentes voire inexistantes.
C’est ce que prouve une étude de cas de la Globo, publiée ce 8 mars sur le site G1, en partenariat avec le département d’études de la violence de l’Université de São Paulo et le Forum brésilien de la sécurité publique. Sur une semaine, du 21 au 27 août, les journalistes ont recensés 126 fémicides dans tout le pays. Six mois après, ils constatent que seul un meurtre a été jugé. Un quart des assassinats a été poursuivi en justice, l’accusé ayant répondu au crime et près de la moitié fait toujours l’objet d’une enquête.
De nombreux crimes et violences n'entrent également pas dans les statistiques. Peur de ne pas être crues, lien avec l'auteur des violences ou profil public de l'auteur, honte de l'exposition et machisme culturel empêchent de nombreuses femmes de porter plainte.
Louise Raulais pour Fanny Lothaire