Médaille d'or ou non, il y a des athlètes qui inspirent beaucoup. Fu Yuanhui en fait parti. La nageuse chinoise de 20 ans met à bas les tabous dans le monde du sport et de la natation avec une spontanéité surprenante.
L'athlète chinoise participe à ses premiers Jeux Olympiques et remporte une médaille de bronze dans sa nage de prédilection : le dos. Lors de son interview avec un média national, elle apprend son chrono et son euphorie si spontanée la propulse en reine des réseaux sociaux en quelques jours à peine.
Et ça ne faisait que commencer. La nageuse vit pleinement ses émotions : elle exprime sa déception comme sa joie sans se conforter aux carcans. Durant la remise de médailles par exemple, ses mouvements et expressions de bonheur ont surpris et émerveillé la Toile. Fu Yuanhui raconte que sur scène tout le monde a cette même expression faciale figée comme un petit sourire bienveillant, mais qu'elle, elle était folle de joie.
Maillot de bain et règle, mauvais combo
Déjà en 2015, il y avait eu cette «défaillance vestimentaire» captée à son insu par une caméra de télévision lors des championnats du monde de la FINA. On voit sur l'extrait la nageuse en train de se préparer, de remettre en place son maillot de bain et de se blesser la poitrine. A ce moment-là une caméra l'a filmé. Elle déclare quand elle est interrogée sur cet épisode : "Je n'avais pas idée que quelqu'un filmait quand c'est arrivé. Pour être honnête, quand je l'ai vu j'ai commencé à rire, car mon expression est juste parfaite. Ça a fait vraiment mal, poursuit-elle. Ce que vous ne savez pas, c’est que les maillots que nous portons pour ces compétitions sont incroyablement serrés! Vraiment, ridiculement serrés. Ils écrasent complètement les seins. Même les gros seins sont complètement aplatis !".
Depuis dimanche 14 août, ce sont pour ses positions féministes que la nageuse a fait parler d’elle. Après une performance moins bonne à l’épreuve du 4×100 féminin, Fu Yuanhui a déclaré à la chaîne chinoise CCTV: “Je n’ai pas été très bonne aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir laissé tomber mes coéquipières. Mes règles ont commencé hier, je me sens très fatiguée. Je sais que ce n’est pas une excuse, je n’ai pas bien nagé quoi qu’il arrive“. Fatiguée ou souffrante elle apparaît sur l'interview déçue et désolée.
Une déclaration à laquelle ses compatriotes ont donné raison sur le Twitter : "J'admire vraiment Fu Yuanhui, d’avoir nagé pendant ses règles. Les femmes peuvent être affectées durant cette période notamment par la douleur… Elle se sent coupable d’être arrivée quatrième mais Fu Yuanhui nous sommes tout de même très fiers de toi“.
Le débat des menstruations dans le domaine du sport
L'évocation des périodes féminines reste un tabou social et d'autant plus dans le sport à haut niveau. Mais la jeune nageuse n'est pas la première à l'évoquer. Heather Watson, une joueuse de tennis anglaise avait demandé a interrompre un match lors de l'Open d'Australie en évoquant un malaise. Après sa défaite elle avait avoué à la BBC que ses douleurs de règles avaient compliqué son jeux et qu'elle irait consulter un spécialiste. En tennis toujours, la numéro 1 anglaise, Annabel Croft avait confié faire bon nombre de cauchemars en pensant à "mettre du sang sur [son] uniforme". "Il y a de quoi vous rendre quelque peu fébrile", disait-elle en faisant référence aux tenues blanches de Wimbledon. Elle avait soutenu Heather Watson sur Radio 5 live en pointant du doigt ce dernier tabou dans le sport féminin. “Les femmes souffrent en silence. Nous devons gérer ça alors que personne ne veut évoquer le sujet", avait-elle déclaré.
Anne-Flore Roulette pour Fanny Lothaire