Saga de l'impeachment : un point sur les nouvelles péripéties

Le Président de la chambre des députés a décidé d'annuler la procédure d'impeachment. Crédits : Agencia Brasil

C'est le coup de théâtre de ces dernières 24 heures. Ce lundi 9 mai, le Président du Congrès des députés, Waldir Maranhao, a annoncé la suspension de la procédure d'impeachment visant la présidente Dilma Roussef. Ancien vice-président du Congrès, Maranhao a pris la tête de l'assemblée le 5 mai dernier. Il remplace ainsi Eduardo Cunha, à l'origine de la demande de destitution de Dilma, mais démis de ses fonctions en raison des accusations de corruption dont il fait l'objet.  

Double revirement de situation 

Petit rappel des faits. Il y a quelques semaines, le dimanche 17 avril, la grande majorité des députés brésiliens s'étaient prononcés en faveur de l'impeachment de leur Présidente, accusée de "crime de responsabilité" pour avoir maquillé les comptes de l'Etat en 2014. C'était alors au tour du Sénat de se prononcer sur la question, à l'issue d'un vote censé avoir lieu le 11 mai. En annonçant la suspension de la procédure d'impeachment, Maranhao a donc bouleversé les règles du jeu, deux jours à peine avant la décision du Sénat. Une décision qui a semé le trouble au sein d'une classe politique brésilienne déjà très fébrile.

Le motif d'un tel revirement de situation ?  Aux yeux de Maranhao, le vote des députés constituerait un "pré-jugement" portant  "atteinte au droit à une pleine défense de la présidente". L'argument n'a pas suffi à convaincre le Sénat, qui a immédiatement rejeté la demande d'annulation de l'impeachment. Le président du Sénat, Renan Calheiros, a été jusqu'à qualifier la proposition de Maranhao de "blague démocratique".  Des propos qui semblent validés par un nouveau revirement de situation, opéré par le propre intéressé : dans la nuit du lundi au mardi, Maranhao est en effet lui-même revenu sur sa décision.

Retour à la case départ 

Après une journée de péripéties, retour à la case départ. Demain mercredi 11 mai, le Sénat se prononce à son tour.  S'il se positionne lui aussi en faveur de l'impeachment, Dilma sera éloignée du pouvoir pendant 180 jours. C'est alors Michel Temer, vice-président actuel, membre du parti centriste PMDB, qui prendra la tête du pays pendant cette période. A l'issue de ces 180 jours, le Sénat rendra une nouvelle décision, afin de décider de la destitution définitive ou non de Dilma.

Marie Gentric pour Fanny Lothaire