A quelques mois des Jeux Olympiques de Rio, nous avons assisté à un autre type de jeux : les Jeux Indiens, organisés par la petite tribu Karagwa. Retour en images sur un évènement atypique.
Karagwa est une tribu indienne composée de 29 familles. Elle se situe dans le village Barão de Antonisa, à cinq bonnes heures de São Paulo. Du 9 au 10 avril, cette tribu a organisé la première édition des "Jeux Indiens" (Jogos Indigenas), une rencontre sportive et ludique entre différentes tribus des environs. L'objectif ? Renforcer l'identité et la culture indienne.
A l'occasion des "Jeux Indiens", tous les membres de la tribu revêtent leur costume traditionnel. Plumes, perles, tissus bariolés et peintures corporelles... le tout est travaillé et haut en couleurs. La tribu Karagwa fabrique des bijoux, des accessoires pour les cheveux, des attrape-rêves. Elle vit notamment de cet artisanat.
Avant de débuter les activités, la tribu organise une cérémonie d'ouverture. L'un des membres se saisit d'un arc et tire une flèche enflammée dans les airs. Il allume ensuite une flamme et parcourt quelques mètres en l'adorant sur son épaule. Un geste qui n'est pas sans rappeler la célèbre tradition des Jeux Olympiques.
Une fois la flamme allumée, des enfants de l'école arrivent en file indienne sur le terrain où se dérouleront la majorité des activités. lls se placent en ligne, avant de commencer à tourner dans le "sens de la terre", contraire à celui des aiguilles d'une montre. Le chef du village, le cacique, insiste sur le caractère sacré de la profession, "moment de joie et d'émotion".
Pour clôturer la cérémonie d'ouverture, des membres hissent quatre drapeaux au son de l'hymne de la tribu. Chaque drapeau symbolise une composante de l'identité Karagwa. Ici, de gauche à droite : le drapeau de la ville Barão de Antonisa - le drapeau de la tribu Karagwa - le drapeau brésilien - le drapeau de l'Etat de São Paulo. Lorsque les quatre drapeaux flottent dans les airs, la tribu entonne l'hymne brésilien dans son propre dialecte. Le chef du village insiste : chanter dans sa langue est un acte important pour l'Indien. C'est une façon de préserver sa culture tout en montrant qu'il est un Brésilien intégré, non pas un Indien exclu.
Parmi les activités organisées, certaines sont atypiques, d'autres plus surprenantes. Pour certaines, elles contrastent curieusement avec la "culture traditionnelle millénaire" indienne vantée par le chef du village. Ici, de gauche à droite : tir à la corde ; concours Miss et Mister Indigène ; course en sac ; combat à la lance ; Zarabatana (une arme dans laquelle les participants doivent souffler pour envoyer des projectiles) ; course sur des échasses de bois.
Le défilé des "femmes brésiliennes indigènes", met en scène des fillettes et des adolescentes, présentées comme "grandes et belles". Une épreuve moins bon-enfant et plus dérangeante. Les participantes elles-mêmes ne semblent pas à leur aise. Pour beaucoup, elles défilent la tête baissée et l'air gêné.
Les enfants sont les principaux participants. Tir à l'arc, course d'échasses et course de sacs... pour eux, c'est jour de fête. Au fur et à mesure de la journée, ils troquent leur costume traditionnel pour des vêtements plus confortables et davantage adaptés aux activités proposées. Quant aux adules, ils se prêtent aussi au jeu. L'épreuve de tir à la corde, en particulier, provoque une certaine euphorie. Les femmes affrontent les hommes du village... et remportent la victoire ! Néanmoins, comme le répète inlassablement le chef du village, le plus important "n'est pas de gagner, c'est de participer". Un slogan que certains organisateurs arborent même sur leur T-shirt.
Finalement, vers 18h30, alors que la nuit tombe, les activités prennent fin. Pour cette première journée des "Jeux Indiens", le bilan est mitigé : l'évènement s'est bien déroulé, les enfants se sont amusés. Mais les tribus des alentours, pourtant invitées, n'ont pas participé. La faute à une mauvaise circulation de l'information. Normalement, si tout se passe bien, elles seront présentes le lendemain.
Marie Gentric pour Fanny Lothaire
Photos d'Anaëlle Nourri