La fin d'une coalition et d'un allié décisif pour Dilma

Photo AP

Le PMDB (le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien) a voté hier à main levée sa rupture avec le Gouvernement de Dilma.

Le PMDB, est le parti centriste du pays mais c'est surtout LE plus grand parti et jusqu'à hier un membre important de la coalition du PT depuis 2004. Au cours de l'histoire démocratique du Brésil, il a toujours vogué entre gauche et droite offrant aux gouvernements successifs un allié de choix dans la prise de pouvoir et de décision.

Ce nouveau coup affaiblit de nouveau la présidente en pleine tourmente politique. Ce sont six ministres qui quittent le gouvernement mais c'est avant tout la perte de la principale force parlementaire avec 69 députés sur 513 et 18 sénateurs sur 81 et donc une aide plus que significative dans son combat contre l'Impeachment.

Temer veut-il être calife à la place du calife?

Cette rupture intervient au moment où la Présidente avait plus que jamais besoin d'avoir une coalition unie autour d'elle et est ressentie comme une profonde trahison.

"Nao vai ter golpe", "Non il n'y aura pas de coup d'Etat", c'est le slogan des manifestations Pro-PT et pour la démocratie, et si ces phrases étaient originalement destinées à l'opposition avec Cunha en ligne de mire, aujourd'hui, Temer rejoint, pour certains, le groupe des détracteurs de la démocratie. Le leader du gouvernement de la chambre des députés, José Guimaraes (PT)F s'était exprimé avant le vote du PMDB en désignant Temer comme " le chef du coup d'Etat". L'une de ces affirmations à l'encontre du PMDB, symbolise la fracture profonde qui va aujourd'hui exister entre les deux partis :

«Il n'y a aucune justification à ce coup d'Etat, et nous mobilisons le Brésil. Et la mobilisation est partout, et ils [ PMDB ] sont pris au piège parce que l'histoire n'oubliera jamais ceux qui voulaient le coup d'Etat ."

Si l'accusation est forte, il est vrai que le Vice-Président ne cache plus son envie de succéder à la Présidente.

Certains ministres ont toute fois refusé de suivre l'ordre intimé par le dirigeant du parti de quitter leur poste. C'est le cas du ministre de la Santé, de la Science,Technologie et Innovation ainsi que la ministre de l'Agriculture Katia Abreu qui a quant à elle aussi annoncé sa volonté de sortir du parti.

Le mois d'avril sera un mois clé dans l'avenir du Brésil mais aussi dans celui de la présidente et de ses potentiels successeurs.

Fanny Lothaire et Marie Ndenga Hagbe