Une fois passé le défilé du Carnaval à Rio de Janeiro, certains figurants abandonnent leur costume dans la rue. Pour le plus grand bonheur d'une vingtaine de vendeurs. La revente peut alors commencer.
Le spectacle est immense au sein du Sambodrome. Mais après 85 minutes de représentation, les danseurs et danseuses ne tiennent plus : trop chaud, trop lourd, ils enlèvent leur costume avec empressement. Dans la rue, un nouveau spectacle se met en place, les masques et les tissus tombent. Des amoncellements d'étoffes brillantes et de pierres en plastique ornent le sol et encombrent le passage. Les vendeurs de sodas et de nourriture s'affairent pour tout récupérer, ou du moins les plus grosses pièces. La compétition est rude. S'ensuit alors un marché noir principalement orienté vers les touristes.
Florice fait partie de ces vendeurs. A la sortie du grand bâtiment, elle propose des chapeaux, des pantalons bouffants ou encore des ceinturons ornés de sequins. "Je les vends environ entre 20 et 30 reais chacun [ndlr : entre 4,5€ et 6,7€ ]. Ça reste toujours moins cher que le prix d'origine et les étrangers en achètent facilement. Ça leur fait des souvenirs", lance-t-elle, confiante. Comme une matrone, elle trône devant son petit tas de vêtements, le visage fermé. Quelques secondes plus tard, la magie des costumes opère : une petite fille vient essayer une jupe avec de la dentelle dorée. Elle tourne sur elle-même près de ces parents. Etant donné le coup de la vie Brésilienne, Florice aura sans doute fait une affaire.
"Je suis ici pour l'argent. Pour moi, c'est une bonne semaine. Le Carnaval, c'est pour les plus riches, pour les touristes et pour l'image du pays. Je pense que ça rapporte de l'argent au Brésil et... à moi aussi. Alors c'est une bonne chose". Ici, elle peut gagner jusqu'à 300 reais par nuit. Une somme énorme comparée au salaire minimum brésilien, d'environ 800 reais par mois. Pour garder ce bon rythme, la maman de 47 ans est venue toute la semaine avec tout sa famille. Chacun tient un stand et à quelque chose à vendre. "Ça fait six ou sept ans que l'on fait ça, et je compte bien revenir l'année prochaine. Le spectacle ne me tente pas, je ne peux pas gagner d'argent à l'interieur, pour moi ce n'est pas intéressant". Après la folle semaine de Carnaval, elle retournera près de Copacabana où les touristes grouillent en cette période estivale.
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Fanny Lothaire, Marie Gentric et Anne-Flore Roulette