Sambodrome de Rio. Dimanche 7 février, 23h30, 32 degrés. Ca y est, depuis un peu plus de 2 heures, le défilé des écoles de samba a commencé. Sur la piste, les couleurs, les paillettes et les tissus se mêlent. Dans les gradins, la foule est en liesse, chacun agite le drapeau aux couleurs de son école fétiche. Dans les coulisses, les danseurs s'étirent et s'apprêtent, l'équipe s'attèle aux derniers détails techniques et esthétiques.
Sur la piste ...
Sous les projecteurs, face à 30 000 spectateurs, les écoles défilent. Elles ont chacune 85 minutes, pas une de plus, pour présenter le fruit d'un an de préparation intensive.
1- Les employés du Sambodrome forment une barrière de sécurité avant que l'école de samba Beija-Flor entre sur la piste.
2- Imposants et fastueux, les chars impressionnent la foule par leur beauté. Jusqu'au jour J, ils sont retouchés et fignolés par les écoles ! Ils roulent ou sont parfois poussés sur la piste par des membres de l'école. Certains offrent des effets spéciaux surprenants à grand renfort de jets d'eau et de plateformes mobiles.
3- Sur les chars, les danseurs arborent de somptueux costumes, qui peuvent coûter jusqu'à 50 000 euros. Lorsque l'école a le budget, elle finance les costumes … mais parfois, ce sont les danseurs eux-mêmes qui le paient de leur poche !
4- Sur l'un des chars, le chanteur de l'école Beija-Flor entonne l'hymne de l'école. Surnommé "Neguinho da Beija-Flor" (littéralement, le "Petit Noir de Beija-Flor"), il est l'interprète officiel de l'école depuis 1976.
5- Au pied des chars, des milliers de figurants de tous les âges défilent. Le sourire aux lèvres, ils chantent en choeur l'hymne écrite par l'école. Certains participants ne font pas partie de l'école de samba : ils ont acheté leur costume pour avoir l'honneur de défiler.
6- Au nombre de 3 ou 4 par école, les Reines sont les stars du défilé. Elles pavanent, esquissent quelques pas de samba et envoient des baisers à la foule en liesse. Lors du défilé, tous les photographes les mitraillent et tentent d'immortaliser leurs courbes affolantes.
Dans les tribunes ...
Selon l'école, le public affiche un enthousiasme plus ou moins bruyant. Sans aucun doute, les écoles les plus populaires sont Beija-Flor et Mangueira.
7- Les gradins sont bondés. Ici, c'est une des tribunes de l'arquibancada popular : ce sont les places standards, les moins chères. Ceux qui veulent assister au défilé de plus près doivent débourser plusieurs centaines, voire milliers d'euros. Dans les camarotes, meilleures places du Sambodrome, les spectateurs bénéficient de la meilleure vue. Sans compter l'alcool et la nourriture à volonté et l'accès aux concerts et boîte de nuit.
8- De nombreux spectateurs agitent le drapeau de leur école fétiche. On se croirait presque dans un stade de foot ! La plupart du temps, ils arborent aussi le T-shirt aux couleurs de leur école, personnalisé pour l'occasion. Les femmes y ajoutent des bordures dorées ou le découpent pour en faire un vêtement sexy alors que les hommes préfèrent en faire un marcel.
9- Les tribunes, c'est aussi le lieu où se tiennent les juges. Parmi les critères retenus pour évaluer les écoles : l'harmonie de la prestation, les danses, l'hymne de samba (entrudo), les costumes.... Les résultats sont parfois contestés et la question de la corruption plane.
Pendant ce temps, dans les coulisses ...
Les artistes et les membres du staff règlent les détails de dernière minute et échangent quelques mots d'encouragements.
10- Sous les gradins, les costumes sont soigneusement conservés et emballés, avant d'être dévoilés aux yeux de tous, sur la piste. Une fois le défilé terminé, la plupart sont jetés et ne sont pas réutilisés. A la sortie du Sambodrome, des vendeurs à la sauvette les récupèrent pour les revendre, alors que certains spectateurs se les arrachent.
11- 4h du matin. Un membre du staff retouche un point de la chaussette du meilleur danseur de l'école. Avec une autre danseuse, ils constituent le couple (casal) de l'école. Leur prestation est scrupuleusement évaluée par le jury et peut rapporter de précieux points à l'école. Chaque détail compte, tout doit être parfait.
12- La portabandeira (porte-drapeau) de l'école Tijuca revêt son costume , une robe couverte de pierres scintillantes et très difficile à enfiler. Elle a un rôle crucial : elle défile en abordant la bannière de l'école, un véritable honneur.
13- Quelques minutes avant d'entrer en scène, une des Reines de l'école Tijuca échange quelques mots avec la portabandeira (porte-drapeau) de l'école. "Nous avons travaillé ensemble toute l'année, ce sont des liens très forts" expliquent-elles.
14- Le meilleur danseur de l'école Tijuca enfile son costume. Pour l'aider et assurer sa sécurité, avant comme pendant le défilé, ce danseur bénéficie de l'aide exclusive de 2 membres bénévoles de l'école.
15- L'un des meilleurs danseurs de l'école s'étire avant d'entrer en scène. Il explique qu'il se sent comme un joueur de foot en plein préparation avant d'entrer sur le terrain.
Fanny Lothaire, Anne-Flore Roulette et Marie Gentric