Jour J : Petit guide du Carnaval à Rio

Maria Rita e público. D.R. Cordão da Bola Preta

Coup d'envoi. Le Carnaval commence aujourd'hui. Les projecteurs se braquent donc (une fois de plus) sur Rio. Comme chaque année, paillettes, rythmes endiablés et costumes oniriques vont éblouir le monde entier. Mais au juste, quelles sont les origines du Carnaval de Rio ? Comment s’organise-t-il ? Combien coûte-t-il ? A quelques jours des premières festivités, voici quelques infos indispensables pour pouvoir profiter au maximum du Carnaval le plus célèbre au monde.

Un peu d'histoire 

Le mot Carnaval viendrait du latin "carna vale", qui signifie "adieu à la viande". Il dure 4 jours, s'étendant officiellement du samedi au mardi (le fameux "mardi-gras"). Il a lieu en février, mois le plus chaud de l'année dans l'hémisphère Sud. Cette année, le Carnaval se tient du 5 au 9 février.

Les racines du Carnaval remontent à l'Antiquité, lorsque Romains et Grecs dansaient et se déguisaient pour célébrer les rites du Printemps. La tradition s'est perpétuée au fil des siècles, s'étendant dans toute l'Europe. Au Portugal, en particulier, les habitants avaient pour coutume de s'adonner à l'"entrudo", un rituel ludique consistant à s'asperger d'eau, d’œufs et de farine. Lors de la période coloniale, les Portugais ont exporté leur concept du Carnaval au Brésil.

Sous le soleil brésilien, la tradition portugaise a pris de nouvelles couleurs. Les esclaves africains, qui participaient activement au Carnaval, ont exercé une forte influence sur son développement. C'est notamment eux qui ont introduit la musique et la danse de la samba.

Aujourd’hui, le Carnaval est célébré dans tout le Brésil . Parmi les Carnavals plus connus, se distinguent celui de São Paulo, de Recife et de Salvador de Bahia. Mais le plus grand et le plus médiatisé est celui de Rio de Janeiro.

D.R. Flickr - Nicolas de Camaret // Carnaval 2014 - Rio de Janeiro Carnaval 2014 no Sambadrome Marquês de Sapucaí no Rio de Janeiro, Brasil.

D.R. Flickr - Nicolas de Camaret //

Le défilé des écoles de samba

A Rio, quasiment toute la musique du Carnaval est de la samba. Dans les années 1910, alors que la samba gagne en popularité, des associations forment peu avant de donner naissance aux écoles de samba. En 1935, les premières écoles de samba sont officiellement reconnues et entrent dans la programmation officielle de l'évènement. Leur popularité est d'une telle ampleur que, rapidement, la ville décide de construire des structures destinées à accueillir leurs manifestations. C'est ainsi que le Sanbodrome voit le jour en 1984, sur l'avenue Marquês de Sapucai.

Le Sambodrome fait figure de véritable arène de compétition. Eh oui ! Le défilé des écoles ne vaut pas seulement pour la beauté des costumes et le brillant des paillettes. C'est aussi (et surtout) un concours acharné, en prévision duquel les écoles répètent toute l'année. Les règles sont strictes : chaque école dispose d'environ 80 minutes pour parcourir l'intégralité du Sambodrome et éblouir les 90 000 spectateurs en liesse. Chacune doit également choisir un thème, écrire l'enredo (thème musical de samba), concevoir des déguisements et construire des chars allégoriques. Dans les gradins, la foule est très agitée : les Cariocas soutiennent leur école fétiche, dont ils entonnent les chants, revêtent les couleurs et agitent le drapeau. A l'issue du défilé, le jury élit la meilleure école en fonction de critères multiples et complexes, incluant notamment la qualité des chorégraphie, de la musique et des costumes. L'école sacrée championne acquiert le rôle de star à Rio et dans tout le Brésil.

Les écoles de samba ne jouissent pas toutes de la même influence, ni de la même réputation. Parmi les plus prestigieuses, se détachent :

  • Mangueira : école fondée en 1928, c'est l'une des plus anciennes et des plus traditionnelles de Rio. Ses couleurs sont le rose et le vert. Elle a remporté le défilé du Carnaval dix-sept fois et jouit aujourd'hui d'une renommée internationale.
  • Beija-Flor : école fondée en 1948, symbolisée par le colibri (beija-flor, en portugais) et dont les couleurs sont le bleu et blanc. Treize fois championne du défilé, elle est aussi très controversée, notamment pour avoir fait l'objet de scandales financiers.
  • Imperatriz Leopoldinense : école fondée en 1959, son symbole est une couronne et ses couleurs le vert, le blanc et l'or. Elle est considérée comme une école très perfectionniste et déterminée, ce qui lui a valu de remporter le Carnaval huit fois.  
D.R. Flickr - Marcus Correa

D.R. Flickr - Marcus Correa

Les blocos

En marge du défilé officiel du Sambodromo, le Carnaval de Rio s'anime avec les blocos de rue. Les blocos se caractérisent comme de véritables foules humaines rassemblées par un élément fédérateur, comme un quartier ou un thème, et défilant de manière plus ou moins organisée. Tous les participants (ou presque) se déguisent et prennent part à l'agitation. Ils suivent l'orchestre, dansent au rythme des percussions et se rafraîchissent à la bière. Certains blocos attirent plus de 1000 fêtards … d'où la nécessité de bloquer la circulation de nombreuses rues !

Au fil des années, certains blocos sont devenus de véritables institutions. Voici un petit aperçu des plus emblématiques.

  • Banda de Ipanema : bloco fondé en 1964, qui se distingue par son caractère hétérogène. Il rassemble des participants de tous les milieux sociaux, de tous les âges, beaucoup de gays et de drag-queens. En 2004, la Banda de Ipanema a été officiellement inscrite au "Patrimoine culturel" de la ville de Rio.
  • Banda Suvaco do Cristo : bloco fondé en 1985, dont le nom signifie littéralement "sous les aisselles du Christ". Un nom atypique, qui prête à sourire … mais fait aussi polémique. Il est lié à la localisation du bloco, qui défile dans le quartier du Jardin Botanique, situé sous les aisselles du Christ Rédempteur dominant la ville de Rio depuis les hauteurs du Corcovado.

Pour vous aidez à vous repérer, nous vous avons concocter une carte, le Sanbodrome est en rouge, les écoles de Samba en vert et finalement les blocos les plus connus en jaune  :

 

Fanny Lothaire, Marie Gendrit et Anne-Flore Roulette