Derrière la piste du Sambodrome, Edison est tranquillement assis aux côtés des danseurs. Serein et concentré, il arbore fièrement son T-shirt bleu et jaune, aux couleurs de Tijuca. Tijuca, c'est son école. L''école pour laquelle il travaille bénévolement depuis vingt ans.
Concrètement, travailler dans une école de samba, ça consiste en quoi ?
"Moi, je travaille en tant qu'"appui technique" : ma mission, c'est d'assister les danseurs et d'assurer leur sécurité, dans les coulisses comme sur la piste. Je dois amener les matériaux aux couturiers pour qu'ils retouchent les derniers détails, par exemple. Cette année, je m'occupe du danseur numéro un de l'école, qui danse en duo. C'est le couple de l'école. Ils sont très importants pour la compétition, puisque leur performance peut nous rapporter de précieux points. Pendant le défilé, nous sommes quatre membres de l'équipe rien que pour entourer ces deux danseurs et assurer le bon déroulement du spectacle. On est un peu comme leurs gardes du corps, en fait".
De l'intérieur, comment fonctionne une école de samba ?
"Une école de samba, ça marche comme une entreprise. Il y a un président, un vice-président, qui dirigent une équipe d'environ 3000 ou 4000 personnes. La grande majorité sont des bénévoles. Par exemple, à Tijuca, il n'y a que 200 ou 300 salariés, ce sont ceux de la technique. Pour le reste, on travaille tous gratuitement".
Autant de travail et aucun salaire ?
"Travailler dans une école de samba, c'est comme soutenir une équipe de foot. Ça vient du cœur ! Dans l'école, on a tous le même but : réaliser un spectacle extraordinaire. Et ça, c'est fédérateur. On respire le Carnaval, on cherche tous à y participer le plus possible. C'est comme si on allait à un concert de rock et que l'on nous donnait l'occasion de prendre la guitare pour jouer un morceau. Evidemment qu'on le fait ! J'ai 44 ans, j'ai passé la moitié de ma vie à travailler dans cette école et je souhaite continuer tant que Dieu me le permettra".
Et l'ambiance entre les écoles de samba ? C'est comment ?
"Entre les écoles, il y a une compétition forte, mais aussi beaucoup de respect. Moi, j'ai des amis dans toutes les écoles de samba. J'assiste toujours à leur défilé, en espérant que tout se déroule au mieux pour eux".
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Fanny Lothaire, propos recueillis par Anne-Flore Roulette et Marie Gentric