Œuvres d’art spoliées par le régime nazi : une restitution loin d'être achevée

Restitution d'un triptyque flamand à Henrietta Schubert et Chris Bromberg, héritiers du propriétaire spolié pendant la 2de Guerre mondiale, en février 2018. © ALAIN JOCARD / AFP

Les 20 ans des accords de Washington pour la restitution des œuvres d’art pillées par le régime nazi sont célébrés cette semaine à Berlin. L’occasion de dresser un bilan peu reluisant.

La mystérieuse Sultane d'Édouard Manet, Le Juif au bonnet de fourrure en clair-obscur de Rembrandt, l’énigmatique Danse du Voile par Paul Klee, les Quatre danseuses nues en repos esquissées au fusain épais par Edgar Degas… Tous ces chefs-d’oeuvre spoliés par le Troisième Reich ont déjà été remis à leurs héritiers. « [En Allemagne], 5750 biens culturels ont été restitués et 31 millions d'euros ont été investis dans le recensement des œuvres d’art et la recherche autour de leur provenance » a vanté la Ministre de la Culture allemande Monika Grütters. Un bilan élogieux tiré à l’occasion de ce vingtième anniversaire des Principes de Washington. Ratifiée le 3 décembre 1998 par 44 États, cette déclaration a pour objectif la remise des quelque 650.000 œuvres d'art confisquées par le régime nazi avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale à leur propriétaire légal. 

Des démarches « tardives » côté français

L’ambassadrice française à Berlin, Anne-Marie Descôtes, reconnaît d'après le Tagesspiegel que la France a « tardé » à mettre en place les démarches nécessaires. Selon un rapport remis cette année à Paris, 60.000 biens culturels ont déjà traversé le Rhin pour être remis à leur ayant-droit français. En revanche, le sort de plus de 2000 œuvres reste en suspens. Et ce depuis 17 ans. 

Vingt ans après l'engagement international de Washington, le processus de restitution continue d'avancer au compte-goutte. 

Par Chloé Cosson