Les 20 ans des accords de Washington pour la restitution des œuvres d’art pillées par le régime nazi sont célébrés cette semaine à Berlin. L’occasion de dresser un bilan peu reluisant.
La mystérieuse Sultane d'Édouard Manet, Le Juif au bonnet de fourrure en clair-obscur de Rembrandt, l’énigmatique Danse du Voile par Paul Klee, les Quatre danseuses nues en repos esquissées au fusain épais par Edgar Degas… Tous ces chefs-d’oeuvre spoliés par le Troisième Reich ont déjà été remis à leurs héritiers. « [En Allemagne], 5750 biens culturels ont été restitués et 31 millions d'euros ont été investis dans le recensement des œuvres d’art et la recherche autour de leur provenance » a vanté la Ministre de la Culture allemande Monika Grütters. Un bilan élogieux tiré à l’occasion de ce vingtième anniversaire des Principes de Washington. Ratifiée le 3 décembre 1998 par 44 États, cette déclaration a pour objectif la remise des quelque 650.000 œuvres d'art confisquées par le régime nazi avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale à leur propriétaire légal.
Des centaines de spécialistes internationaux réunis pendant trois jours à Berlin autour de la question des biens spoliés, pour les 20 ans des accords de Washington #washingtonprinciples2018 pic.twitter.com/DSwAgCvq3a
— Camille Noé Marcoux (@CNMarcoux) 26 novembre 2018
Des démarches « tardives » côté français
L’ambassadrice française à Berlin, Anne-Marie Descôtes, reconnaît d'après le Tagesspiegel que la France a « tardé » à mettre en place les démarches nécessaires. Selon un rapport remis cette année à Paris, 60.000 biens culturels ont déjà traversé le Rhin pour être remis à leur ayant-droit français. En revanche, le sort de plus de 2000 œuvres reste en suspens. Et ce depuis 17 ans.
🔸Frankreich strukturiert seine Restitutionspolitik neu, um bessere Ergebnisse zu erzielen
🔸Die 🇫🇷 CIVS und das 🇩🇪 DZK sowie unsere Kulturministerien arbeiten eng zusammen und werden bald eine Kooperationsvereinbarung unterzeichnen#washingtonprinciples2018— Anne-Marie Descôtes (@amdescotes) 27 novembre 2018
Vingt ans après l'engagement international de Washington, le processus de restitution continue d'avancer au compte-goutte.
Par Chloé Cosson