Première Guerre mondiale : Le portefeuille de l'amitié

Ulysse Coulon, Französisches Gymnasium de Berlin

Un portefeuille allemand perdu pendant la Première Guerre mondiale, récupéré par un français, resté dans la famille de celui-ci depuis cent ans et remis aux descendants du vrai propriétaire. Impossible ? Incroyable ? Difficile de qualifier cette aventure qui est arrivé à Jacques Lapeyre, qui s’est mis en tête de retrouver les descendants du propriétaire allemand d’un portefeuille que son grand-père avait ramassé sur le champ de bataille.

Le soldat Paul Göckeritz a perdu son portefeuille sur le champ de bataille de la Première Guerre mondiale. Il est rentré en 1919 de France, soit un an après la fin de la guerre. Nul ne sait ce qui lui est arrivé pendant cette année-là. Il eut quatre filles, dont deux après la guerre. Puis il meurt en 1936 d’un accident de vélo. Sa tombe a été détruite. Ses enfants et petits-enfants vécurent en RDA, à Schneeberg, petite ville de Saxe.

Côté français, le grand-père pensait que le propriétaire du portefeuille était mort. Il est tombé dessus par hasard. Ce portefeuille contenait des papiers d’identité, des photos, un carnet et même des partitions ! Le grand-père avait peur d’être accusé de dépouillage de défunt. C’est pourquoi le carnet resta dans la famille en Dordogne, enfermé dans une boîte. Ce n’était pas un sujet de conversation fréquent dans cette famille de cultivateurs.

Mais Jacques Lapeyre est persuadé qu’il existe des descendants. Il commence les recherches en 2012. Il cherche dans les annuaires allemands, arrive à trouver la région où habitent les descendants et publie une annonce dans un journal régional. Contacté par un des membres de la famille, il se déplace en personne pour restituer, très ému, le portefeuille à un des petit fils de Paul Göckeritz.

Reportage France 2 d'Arnaud Boutet, Thomas Henkel, Mathilde Schnee et Pierre Malacarnet

Interview de Jacques LAPEYRE

Les commémorations en Allemagne du centenaire de la Grande Guerre  :

Ennemis d’hier, amis aujourd’hui. Tel pourrait être le slogan des commémorations nationales du centenaire de la première guerre mondiale à travers le continent. En Allemagne, où la seconde guerre mondiale a toujours dominé le reste de l’histoire du XXème siècle, on découvre aujourd’hui la première guerre mondiale sous un angle nouveau. Alors que l’opinion publique allemande s’est toujours intéressée aux conséquences de la guerre, facteurs clés de la montée du nazisme et donc des horreurs que l’on sait, la première guerre mondiale est pour la première fois vue comme un événement historique en soi.

Cet engouement passe par des expositions dans toute l’Allemagne, et notamment à Berlin au « Deutsches Historisches Museum ». Le musée berlinois a décidé d’exposer des objets divers, de la cuisine à la tranchée, pour raconter les épisodes marquants de la guerre mais également pour mettre l’accent sur la vie quotidienne et les innovations techniques (gaz toxiques, ballon de repérage, sous-marins, etc.). Notons également l'exposition franco-allemande "De boue et de larmes..." qui propose "une approche tri-nationale de la Grande Guerre en faisant découvrir au visiteur la propagande de guerre et la vie civile en Allemagne, en France et en Suisse entre 1914 et 1918".  Cette exposition, situé à Lörrach dans le Bade-Wurtemberg et doté de plus de 50 000 pièces, aura lieu du 23 juin au 23 novembre 2014

Angela Merkel a inauguré l'exposition berlinoise le 28 mai dernier. Elle en a profité pour réaffirmer le principe d’intégrité territoriale, découlant directement de la Grande Guerre, pour critiquer l’annexion de la Crimée par la Russie. Elle a aussi adressé un message aux eurosceptiques du continent: "Il y a une interrogation, quand les problèmes sont trop grands, pour savoir s'il ne vaut pas mieux les résoudre dans une petite unité que dans une grande. C'est exactement la mauvaise réponse." (traduction libre de: "Es gibt eine Sehnsucht, wenn die Probleme zu groß sind, ob sie sich dann nicht in der kleinen Einheit besser lösen lassen als in der großen. Das ist genau die falsche Antwort"). Des messages politiques donc, qui utilisent une méthode répandue pour les responsables politiques : Se placer sous le signe de la sagesse historique, dans la lignée des anciens grands dirigeants, pour donner plus de force à ses propos. Le président Hollande utilisera-t-il la même technique lors de sa rencontre avec le président allemand Joachim Gauck début août ? Les deux chefs d'Etat se réuniront en effet le 3 août en Alsace pour commémorer le centenaire de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France. À suivre…

Listes des expositions sur la Grande Guerre en Allemagne :
http://www.sueddeutsche.de/politik/ausstellungen-zu-jahren-erster-weltkrieg-wo-es-laermt-wie-an-der-front-1.1868276