Restitution du patrimoine africain : un rapport français fait écho en Allemagne

La cérémonie Ato du royaume du Dahomey, le 18 juin 2018 au musée du quai Branly. (GERARD JULIEN / AFP)

[CULTURE] Emmanuel Macron entame la restitution au continent africain d’œuvres d'art issues de l’époque coloniale, obligeant Berlin à « fournir des explications. »

En France, la nouvelle a été occultée par l’actualité des gilets jaunes. Emmanuel Macron a décidé vendredi 23 novembre, le renvoi de 26 œuvres d’art dans leur pays d’origine, au Bénin. Un geste symbolique qui n’a pas échappé à la presse allemande.  « La politique culturelle de Macron oblige Berlin à fournir des explications » écrit le Tagesspiegel en Une de son cahier Culture.

La décision du chef de l'État fait suite à un rapport tout juste remis à l’Élysée par les universaires Bénédicte Savoy et Felwine Sarr. Le document évoque la restitution de 90 000 biens culturels appartenant à d’anciennes colonies africaines, présents dans les musées français. Parmi eux, les peintures sacrées d’Éthiopie, les trésors d'Abomey appartenant au Bénin ou encore le sabre d'El Hadj Omar venu du Sénégal… « Le rapport ne concerne pas que les musées français [...] mais tous les États occidentaux ayant spolié des objets d’art dans un contexte colonial » analyse le Tagesspiegel.

« Paris montre la marche à suivre à Berlin »

A Berlin, la coalition au gouvernement a chargé deux hautes responsables au ministère de la Culture d’étudier la question. « Nous avons besoin de nouvelles bases juridiques pour traiter ces objets provenant du contexte colonial, de davantage de ressources pour la recherche sur les provenances, et surtout d'un agenda clair » a déclaré une députée du parti écologiste (Die Grünen). L'État fédéral allemand s’était engagé à travailler sur ces problématique mais « jusqu'à présent, peu de choses se sont passées. Paris montre la marche à suivre à Berlin » poursuit le Tagesspiegel.

C’est le sort patrimoine venu de Namibie qui est en suspens ici. Au mois d’août, des ossements de victimes du génocide des Herero et Nama perpétré par les troupes coloniales allemandes à partir de 1904, ont été remis aux descendants de ces peuples. L'an dernier également, la Fondation pour le patrimoine culturel de Prusse à Berlin, organisation d’État chargée d’acquérir et de préserver l’héritage culturel prussien, a également remis à l'État d'Alaska des objets volés dans des tombes profanées à la fin du XIXe siècle. Malgré ces récentes démarches, le sort de la majorité de ces œuvres d'art dérobées à l'ère coloniale reste incertain en Allemagne comme en France.

Par Chloé Cosson