Les journaux ici soulignent le caractère autonome du mouvement des « gilets jaunes ». La mobilisation est également perçue comme étant le symptôme de divisions profondes dans l’Hexagone.
« La colère porte un gilet jaune », « Macron voit jaune », « Les gilets jaunes voient rouge »… La mobilisation nationale contre la hausse des prix du carburant inspire quelques bons mots aux éditorialistes allemands. Ceux-ci s’étonnent de la présence du Président français à Berlin puis à Bruxelles, au moment où son pays s’embrase. « Lors de sa visite mardi en Belgique aux côtés du Premier ministre Charles Michel, Macron s’est présenté en européen ambitieux. Mais pendant ce temps chez lui, le président quadragénaire fait face à un problème : des manifestants en colère font barrage dans différentes parties du pays » écrit le Tagesspiegel.
Un mouvement « sans véritable structure »
Les médias germanophones relèvent le caractère inédit de la mobilisation. « De loin, cela peut ressembler au folklore des manifestations en France : des milliers de personnes marchent dans les rues, des milliers de personnes demandent la démission du Président. Mais quelque chose est différent de d'habitude : il ne s'agit pas de défendre des privilèges ou des droits sociaux. Les manifestants n'appartiennent à aucun syndicat. » analyse une journaliste de Die Welt. Le Tagesspiegel constate de son côté que « La contestation n’a pas vraiment de couleur politique. »
Les « gilets jaunes » reflètent la « division entre zones urbaines et zones rurales »
A l’aune de la presse allemande, la France serait même scindée en deux. « Les gilets jaunes pourraient être particulièrement dangereux pour Macron, car ils reflètent la division entre zones urbaines et zones rurales » analyse le Tagesspiegel. Pour la Süddeustche Zeitung, les manifestants sont en grande partie « des gens qui vivent dans des endroits où l’État s’est retiré, aussi bien que les petits commerces. Les boulangers sont absents, les hôpitaux et les emplois sécurisés aussi. Autrefois, cette France rurale était qualifiée péjorativement à Paris comme "la province". On utilise plutôt aujourd’hui le terme politiquement correct de "territoires". Peu importe le nom, cela reste un monde qui ne peut pas vraiment avancer au rythme de la "Start-up nation" prônée par Macron. »
En Allemagne, la mobilisation fait écho
Ce clivage national, est dû pour Die Welt à des « erreurs » du gouvernement. « L’augmentation des taxes est justifiée par la seule protection de l’environnement, bien que la majeure partie des recettes serve un objectif différent. Les français se sentent considérés comme stupides. Et ils ont raison » commente une journaliste du quotidien. En Allemagne où les prix du carburant flambent aussi, le mouvement reçoit un écho favorable avec le hashtag #GelbeWesten (littéralement « #giletsjaunes») sur la planète Twitter.
Sans frontières – Carburants : plus chers aussi en Allemagne#telematin @ldesbonnets @FranceTVBerlin #France #carburant #Allemagne #colère #Rhin pic.twitter.com/q2k9f1Pfki
— telematin (@telematin) 19 novembre 2018
Par Chloé Cosson