Le nazisme ? Du « pipi de chat », selon l’extrême-droite allemande [revue d'actu 04/06]

Le tollé est général en Allemagne depuis les déclarations d’Alexander Gauland, samedi. Pour le vice-président de l’AfD, « Hitler et les nazis ne sont que du pipi de chat [en allemand « fiente d’oiseau »] dans mille ans d’histoire allemande glorieuse. […] Nous avons une histoire glorieuse et celle-ci, chers amis, a duré plus longtemps que ces 12 fichues années » entre 1933 et 1945, a-t-il dit lors d’une réunion des jeunes de l’AfD. Cette déclaration a immédiatement déclenché une avalanche de réactions scandalisées, jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Pour le président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, « ceux qui aujourd’hui nient ou relativisent la césure sans précédent avec la civilisation » qu’a représenté Adolf Hitler et le nazisme, « se moquent des millions de victimes ». Annegret Kramp-Karrenbauer, la numéro 2 de la CDU et bras-droit d’Angela Merkel, a tweeté: « cinquante millions de victimes de guerre, l’Holocauste et la guerre totale ne sont que du « pipi de chat » pour l’AfD et Gauland. Voilà ce qu’est ce parti derrière le masque ». Ce matin, le Taggesspiegel consacre sa une à cette polémique. Sur toute la page, la déclaration de Gauland est entourée de photos des crimes nazis, autodafés, nuit de cristal, massacres de Babi Yar, Berlin ravagée par les bombardements… Ce n’est pas la première fois que des responsables de l’AfD choquent avec des déclarations sur la guerre et le nazisme. Gauland, déjà, avait dit être fier des soldats de la Wehrmacht qui ont combattu pour le Reich nazi. Björn Höcke avait parlé du mémorial de la Shoah, situé en plein coeur de Berlin, comme d’un mémorial honteux. Pour un politologue interrogé par la Bild ce matin, ces provocations « font partie de la stratégie de l’AfD. A la provocation succèdent les réactions outrées, et grâce à ces réactions, on ne parle que de l’AfD. »

Europe: Merkel répond, enfin, à Macron


On attendait sa réponse depuis des mois, la chancelière a finalement répondu aux projets de réformes de la zone euro formulés par le président français. Mais Angela Merkel ne fait qu’un pas, timide, en direction de Paris. Dans cette interview au quotidien FAZ, elle estime que « nous avons besoin d’une plus grande convergence économique entre Etats membres au sein de la zone euro ». Elle veut donc bien entendre parler d’un budget d’investissement mais limité à quelques dizaines de milliards d’euros, quand Emmanuel Macron parlait de centaines de milliards… Malgré cela, Paris veut voir dans ces déclarations un tournant dans les positions allemandes. Merkel « se rapproche des vues françaises », se rejouit-on à l’Elysée. La chancelière a pris soin de rappeler la ligne rouge allemande pour réformer la zone euro: « la solidarité entre partenaires ne doit jamais conduire à une union de l’endettement ». Elle préfère la création d’un fonds monétaires européen, pour être « indépendant du FMI », qui viendrait en aide aux pays en difficulté, en échange d’une surveillance étroite des politiques nationales.

En bref, les Blitzactus

Dans une interview au site ultra-conservateur Breibart, Richard Grenell, le nouvel ambassadeur américain en Allemagne, ne cache pas sa mission, guère diplomatique: il veut personnellement « renforcer les conservateurs, les autres dirigeants en Europe. Il y a aujourd’hui une vague conservatrice qui prend racine dans l’échec des politiques de gauche », explique-t-il. Son modèle est le jeune premier ministre autrichien, qui a noué une alliance avec l’extrême-droite: « Ecoutez, Sebastian Kurz est une rockstar, je suis un grand fan ».
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C’est aujourd’hui que le sélectionneur allemand, Joachim Löw, doit dévoiler sa liste définitive de 23 joueurs qui iront en Russie défendre le titre de champion du Monde. Sept joueurs sont sur la sellette: Trapp, Tah, Brandt, Rudy, Plattenhardt, Leno et Pertersen.

Bonne journée !

Toute l'équipe du bureau de Berlin.