L'AfD a multiplié les provocations hier au Parlement, au cours du débat sur le budget, en critiquant vivement la politique migratoire du gouvernement. La chancelière n'a jamais répondu directement aux attaques, suivant une stratégie bien établie face à l'extrême-droite.
Alice Weidel en tribune libre
"Les burkas, les jeunes filles voilées et les hommes se baladant avec des couteaux et autres bons à rien n'apporteront pas de garantie à notre état-providence, notre croissance économique et surtout à notre Etat social", a lancé au Bundestag Alice Weidel, vice-présidente du groupe Alternative für Deutschland. Applaudie par son propre camp, huée par beaucoup d'autres, sa prise de parole a finalement plus retenu l'attention que le discours de politique générale d'Angela Merkel, tant l'AfD est entrée avec fracas au Parlement fédéral en octobre dernier.
Le groupe euro-sceptique, anti-islam et anti-immigration, qui compte 92 députés sur 709, est aussi la première force d'opposition face à la nouvelle coalition CDU/SPD. Alice Weidel a su parfaitement jouer de ce nouveau statut. Pour mener sa charge contre la politique d'immigration et d'asile du gouvernement Merkel, l'AfD n'a pas lésiné sur les clichés et n'a pas hésité à amalgamer immigration et risque terroriste, en utilisant des mots-clés chocs.
Alice Weidel a conclu son discours par une citation du très controversé président tchèque Milos Zenan : "Lorsque vous vivez dans un pays dans lequel vous êtes pour l'immigration sans papiers valables, alors vous avez le droit entier de dire que ce pays est dirigé par des idiots".
Für diese Rede anlässlich der Generaldebatte im #Bundestag erhielt ich soeben eine Rüge von Wolfgang Schäuble. War das berechtigt? Ich denke nicht! Jetzt anschauen, weiterverbreiten und Kanal abonnieren:https://t.co/R5hDkuStwI
— Dr. Alice Weidel (@Alice_Weidel) 16 mai 2018
Des recadrages pour quels effets ?
Angela Merkel a réaffirmé son cap sur l'immigration, tout en rassurant l'aile droite de son parti sur les dépenses et les règles d'immigration qui devaient être revues au niveau européen. Elle a plaidé pour un renforcement de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes, sous-dotée en moyens humains.
Face aux attaques de l'extrême-droite, la chancelière a une stratégie: ne pas lui répondre directement, feindre de l'ignorer, laisser les autres mener la contre-offensive. L'ancien ministre des finances et actuel président du Bundestag Wolfgang Schäuble a ainsi du recadrer Alice Weidel, après ses propos sur les jeunes filles voilées : "Vous discriminez toutes celles qui portent le voile et en cela, je vous rappelle à l'ordre".
Le chef du groupe CDU/CSU, Volker Kauder, a été le plus offensif face à l'AfD : "Vous n'avez plus besoin de revenir avec l'argument des racines chrétiennes. Ce que vous avez fait aujourd'hui, c'est l'exact contraire de cela et vous devriez avoir honte."
Generaldebatte im Bundestag: Als Alice Weidel den Saal verlässt, platzt Volker Kauder der Kragen https://t.co/bYPkasLdkx pic.twitter.com/DC8DYphOPN
— WELT (@welt) 16 mai 2018
Par Guillaume Legrand