Interdictions de circulation: la révolution allemande [revue de presse 28/02]

Quels véhicules vont-être touchés ? Quelles villes vont appliquer les interdictions ? Avec quels critères ? Les questions sont innombrables au lendemain du jugement de la cour administrative fédérale, qui a autorisé les communes à appliquer des restrictions de circulation pour les véhicules diesel les plus polluants. Une révolution à venir pour l’Allemagne, LE pays du diesel,  avec des conséquences très importantes pour les automobilistes, et les 13 millions propriétaires de véhicules qui ne répondent pas à la norme Euro 6. La Bild de ce matin publie la liste des villes qui pourraient prendre des mesures d’interdiction de circulation, là où les niveaux de dioxyde d’azote dépassent régulièrement les normes autorisées. Il y en a 66 en tout, avec toutes les grandes villes allemandes, de Berlin à Dortmund, en passant par Munich, Stuttgart, Cologne ou encore Hambourg. Les interdictions ne seront pas prononcées rapidement, ni brutalement, mais progressivement. Il est aussi probable qu’une vignette bleue (attribuée seulement aux véhicules Euro 6) soit instaurée. Le SPD propose, lui, l’instauration d’une prime à la casse pour les véhicules anciens, de quoi peut-être accélérer une tendance nette depuis quelques mois: le désamour des Allemands pour le diesel. Le nombre de véhicules neufs mis sur le marché a baissé de 13,2% l’année dernière, les ventes à l’occasion ont baissé de 2,7%, les cotes s’effondrent, et selon un sondage près de la moitié des propriétaires de diesel changeront pour un modèle essence, hybride ou électrique la prochaine fois qu’ils achèteront une voiture. « Il n’y a que des perdants », juge ce matin la Bild. Mais un accusé selon le tabloïd: l’industrie automobile. « Vous nous avez trahis, disent les conducteurs de diesel, et ils ont raison ».

La polémique ne faiblit pas autour des « Restos du Coeur » de Essen

Réunie en urgence hier, l’équipe de la « Tafel », la banque alimentaire de Essen, reste ferme et ne reviendra pas sur sa décision : il faut désormais prouver sa nationalité allemande pour en devenir bénéficiaire, les étrangers sont exclus. Décision prise au motif que des bagarres arrivent trop fréquemment dans les files d’attente, et que la part des étrangers atteint plus de 70% des bénéficiaires depuis quelques mois. Mais cela fait bien évidemment polémique, la classe politique s’est emparée du sujet et la chancelière elle-même s’est exprimée  dans une interview à la chaîne RTL. « On ne devrait pas faire de telles distinctions, ce n’est pas bien », a déclaré Angela Merkel, tout en ajoutant: « cela montre la pression qui existe, que beaucoup de gens sont dans le besoin. C’est pour cela que j’espère que de bonnes solutions seront trouvées, qui n’excluent aucun groupe ». Mais pour Alexander Dobrindt (CSU), membre du gouvernement sortant, cette décision de la Tafel de Essen montre aussi que l’Allemagne a atteint la limite de ses capacités d’intégration. Et la Bild enfonce le clou: « nous y arriverons, avait promis la chancelière. A Essen, ils n’y arrivent plus »…

En bref, les Blitzactus

Le nombre de morts sur la route en Allemagne a atteint un plus bas niveau historique en 2017. 3177 personnes ont été tués dans des accidents, 29 de moins que l’année précédente.
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Le conseil municipal de Herxheim am Berg a voté pour le maintien dans l’église protestante du village d'une cloche frappée d'une croix gammée et portant l'inscription "Tout pour la patrie - Adolf Hitler ». Elle doit servir « à la réconciliation » et doit être un « mémorial contre la violence et l’injustice », selon les élus municipaux.
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Le gouvernement danois va présenter une loi prévoyant des peines deux fois plus lourdes si les faits sont commis dans des zones défavorisées, définies comme  des « ghettos ». La liste des délits concernés n’a pas encore été arrêtée.

Bonne journée !

Toute l'équipe du bureau de Berlin.