Atmosphère irrespirable chez Volkswagen [revue de presse 15/02]

Sur le papier, le constructeur allemand a bien surmonté le scandale de la triche sur les moteurs diesel. Les derniers chiffres de l’Association des constructeurs européens d’automobiles publiés hier montrent que le géant de Wolfsburg continue de régner sur le marché européen avec 24,6% des immatriculations le mois dernier. Le groupe allemand affiche aussi une progression (+9,2%) plus importante que celle du marché, portée surtout par Skoda (+21,6%) et Seat (+20,0%). Mais ces bons résultats masquent à peine la crise majeure de gouvernance que connaît Volkswagen. Il y règne une « atmosphère irrespirable », titre la Bild ce matin, se faisant l’écho d’une vaste enquête interne réalisée auprès des salariés allemands du groupe. En tout, 51.401 personnes ont répondu au questionnaire conçu par un professeur de l’université de Bochum. Et « les résultats devraient inquiéter les dirigeants », explique la Bild. Près des deux tiers des salariés ne sont en effet pas convaincus par la façon dont l’entreprise est gérée. Ils jugent la réaction des dirigeants face au dieselgate « insuffisante », ils se sentent mis sur la touche et critiquent le fait d’apprendre tous les développement de cette crise par la presse et non directement par leurs chefs. Selon les informations de la Bild, l’un des membres du directoire, représentant les syndicats, aurait déjà informé Matthias Müller, le grand patron du groupe, des résultats désastreux de cette enquête. « Les deux veulent maintenant développer une stratégie pour faire disparaître cette ambiance pourrie du groupe ».

La passion des Allemands pour l’argent liquide ne se dément pas

Les espèces, toujours les espèces ! Alors que certains pays, comme la Suède, sont en passe de supprimer les paiements en liquide, les Allemands font de la résistance. Selon des chiffres publiés hier par la Bundesbank, ils retirent chaque mois… 615 euros au distributeur automatique, soit près de 7280 euros par an ! Et à la caisse des magasins, trois paiements sur quatre sont toujours effectués en liquide. Leur proportion baisse, mais très lentement, d’à peine 5% depuis la dernière enquête réalisée il y a trois ans. « Les comportements changent, mais lentement », constate l’un des dirigeants de la banque centrale. « L’argent liquide est un symbole de liberté, et c’est le seul moyen de paiement qui ne laisse aucune trace numérique ».

Ouverture de la Berlinale, dans la tourmente #MeToo

C’est un long métrage d’animation, « L’Île aux chiens » réalisé par Wes Anderson, qui va ouvrir la 68e Berlinale, premier grand festival de cinéma
en Europe organisé depuis les accusations d’abus sexuels contre Harvey Weinstein et l’émergence du mouvement #MeToo. Les organisateurs ont promis de promouvoir la diversité mais seulement quatre des films en compétition ont été réalisés par des femmes. Ils ont aussi indiqué avoir écarté plusieurs cinéastes accusés d’abus sexuels. Mais une actrice sud-coréenne, qui refuse d’être nommée, a cependant critiqué le festival pour avoir invité le réalisateur Kim Ki-Duk et son film « Human, Space, Time and Human ». Elle a accusé ce dernier de l’avoir giflée et forcée à tourner des scènes de sexe improvisées alors qu’elle travaillait sur un de ses films. Les organisateurs ont dit « attendre des informations détaillées ». « La Berlinale condamne et s’oppose évidemment à toute forme de violence et de comportement sexuel inapproprié », a souligné Dieter Kosslick, son directeur, avant le début du marathon cinématographique. Pendant 11 jours, quelque 400 films vont être diffusés dans le cadre du premier grand festival de cinéma de l’année en Europe, avant Cannes et Venise, et le seul à être ouvert au public.

Bonne journée.

Toute l'équipe du bureau de Berlin.