L’interview était attendue, au terme d’une semaine politique cruciale pour la chancelière. Certes, elle a conclu avec le SPD un accord de gouvernement. Certes, elle s’est pratiquement assurée un quatrième mandat (il faut juste que les militants du SPD valident cette nouvelle Groko, pour grande coalition), mais les critiques ont été nombreuses au sein de son parti sur la façon dont les négociations ont été menées avec les sociaux-démocrates. La chancelière n’a-t-elle pas trop cédé pour conserver à tout prix son poste ? Doit-elle vraiment aller au bout de ces quatre nouvelles années de mandat ? N’est-il pas temps de passer le flambeau ? Hier soir sur la ZDF Angela Merkel a balayé les critiques et martelé un message pendant ces 14 minutes d’interview: elle ne compte pas céder sa place prématurément: « Je me suis engagée auprès de la population pour quatre ans et naturellement cette promesse sera respectée », a-t-elle expliqué, avant de reconnaître, pour répondre au début de fronde dans ses rangs: « du côté de la CDU, nous avons payé un prix pour ce gouvernement, j’aurais préféré conserver le ministère des Finances » (promis au SPD). « C’est douloureux, mais de mon point de vue c’est aussi acceptable ». Mais ces déclarations vont difficilement recouvrir la musique de fond que l’on entend depuis plusieurs semaines: la page Merkel est bel et bien en train d’être tournée. « Ses adieux au pouvoir ont commencé, et donc aussi le débat sur sa succession », peut-on lire dans le Spiegel, alors que la Süddeutsche Zeitung écrivait ce week-end: « la transition vers l’après-Merkel a débuté ».
Le SPD va-t-il s’en remettre ?
Le SPD en plein paradoxe… Il y a d’un côté des responsables qui fanfaronnent, comme le secrétaire général Lars Klingbeil qui a déclaré au sujet du résultat des négociations avec la CDU: « une demi-journée de plus, et ils nous auraient donné le poste de chancelier ! ». Il y a de l’autre un parti en pleine crise, après le retrait fracassant de Martin Schulz. L’ancien candidat à la chancellerie aura, en une semaine à peine, tout perdu: il va quitter la présidence du parti, promis à Andrea Nahles, cheffe du groupe social-démocrate au Bundestag, et il a du renoncer à briguer le ministère des Affaires étrangères… L’actuel titulaire du poste, Sigmar Gabriel, furieux qu’on ait pensé à l’écarter, lui aura bien savonné la planche… Mais pourra-t-il désormais conserver son poste ? « Tous les regards sont tournés vers Nahles », analyse la FAZ ce matin. «Si elle se débarrasse de Gabriel, elle s’enlève une épine du pied mais se sépare aussi d’un poids lourd politique. Si elle le garde, elle sera accusée, avec Gabriel, de la même chose que Schulz: que tout cela n’est finalement qu’une question de postes ministériels ». Mais au-delà de ces questions de personnes et de postes, comment le SPD va-t-il se sortir de cette crise ? La Bild fait la liste des difficultés à venir: « le vote des militants sur la GroKo est plus indécis que jamais, pas de ministre des Affaires étrangères en vue, et même le passage de témoin à Andrea Nahles s’annonce compliquée ! ». Incroyable, quand on pense à ce que le parti a obtenu de la CDU, avec trois postes d’importance, les Finances, les Affaires Etrangères, la Justice… La Bild ironise: « quel est le point commun entre le SPD et un yaourt ? Ils ont tous les deux une date de péremption limitée ».
En bref, les Blitzactus
Inquiétudes des fans de Helene Fischer. La super star de la pop allemande a annulé cinq concerts prévus à Berlin, officiellement pour raisons de santé. Mais de quoi souffre-t-elle ? Le mystère est entier, même si la Bild avance une théorie: cette main posée constamment sur son ventre lors d’un concert fin janvier à Stuttgart ne signifierait-elle pas un enfant à venir ?…
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Une habitante de Umeå, en Suède, doit rembourser 62.000 euros à l’assurance maladie qui a déterminé: 1. qu’elle n’était pas malade comme elle l’avait déclarée pendant près de 5 ans ; 2. qu’elle allait travailler de l’autre côté de la frontière en Norvège…
Bonne journée !
Toute l'équipe du bureau de Berlin.