Un petit oui pour la grande coalition [revue de presse 22/01]

C’est finalement à une petite majorité des voix (56%) que les délégués du SPD ont dit oui hier à Bonn à l’ouverture de négociations formelles avec la CDU/CSU pour la constitution d’une nouvelle grande coalition. Au bout d’une journée de congrès pleine de tensions, qui a montré combien le parti social-démocrate était divisé sur cette question: gouverner à nouveau avec Angela Merkel au risque de se perdre encore un peu plus ou retourner dans l’opposition au risque de fuir ses responsabilités ? Pour la Bild, le SPD est après ce congrès « affaibli comme jamais ». L’éditorialiste du quotidien tire à boulet rouge sur l’attitude des délégués opposés à la grande coalition. « Ils ont raconté n’importe quoi sur ce que les négociateurs du SPD avaient déjà obtenu [de la CDU], ils rendent leur parti plus petit que ce qu’il est, et ils pensent que c’est un plan intelligent. Fou. Aussi fou que l’attitude de la direction du SPD qui a laissé faire. […] La CDU/CSU et Angela Merkel ne doivent pas se réjouir pour autant. Le SPD est tellement atteint que cela va atteindre le futur gouvernement. Beaucoup de coalitions calent à l’approche de la ligne d’arrivée. Celle-ci cale déjà sur la ligne de départ ». Désormais, le SPD et la CDU/ CSU vont négocier formellement pour rédiger un « contrat de coalition », épais document de plusieurs centaines de pages qui précise toutes les mesures qui seront prises et la position du gouvernement sur tous les sujets. Ce document sera ensuite soumis une dernière fois au vote des 440.000 militants du SPD. Alors seulement Angela Merkel pourra être élue chancelière par le Bundestag, mais ce ne devrait pas être avant Pâques, au mieux.

Nouveau départ pour le couple franco-allemand

Le oui du SPD est une bonne nouvelle pour Angela Merkel, qui peut envisager beaucoup plus sereinement un quatrième mandat. C’est aussi une bonne nouvelle pour la relance du couple-franco-allemand, alors que Paris et Berlin célèbre aujourd’hui le 55e anniversaire du traité de l’Elysée. A cette occasion, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont publié hier un message sur les réseaux sociaux pour réaffirmer « leur détermination à approfondir la coopération » entre la France et l’Allemagne. Aujourd’hui les parlementaires français et allemands se rencontrent à Paris et à Berlin pour réfléchir à un nouveau traité de l’Elysée. Quelle forme prendra-t-il ? Il n’y a encore rien de concret, mais des pistes sont déjà évoquées: « harmonisation bilatérale des législations », « renforcement des liens entre sociétés civiles », mesures pour l’enseignement réciproque des langues ».

Faut-il rendre la visite des camps nazis obligatoire ?

Le débat divise le pays. Faut-il obliger les élèves, mais aussi les réfugiés nouvellement arrivés en Allemagne, à visiter les camps de concentration et d’extermination nazis ? L’idée a été évoquée récemment par une ministre SPD du Land de Berlin, qui y voit un moyen de répondre à la hausse des actes antisémites,  et alors que plusieurs enquêtes ont montré une méconnaissance assez préoccupante des jeunes allemands sur les crimes du IIIe Reich. Le président du Conseil central des Juifs d’Allemagne a apporté son soutien à ce projet. La décision de rendre ces visites obligatoires reviendrait aux différents Länder, compétents en matière d’éducation, mais une majorité d’entre eux ne souhaitent pas le faire, selon une enquête réalisée par la conférence fédérale des ministres de la culture et de l’éducation, et dont le Tagesspiegel se fait l’écho ce matin. Parmi les opposants, il y a le ministre de Thuringe, qui, tout en soulignant l’importance de ces visites sur site, pense que les rendre obligatoires reviendrait à emprunter un « mauvais chemin ».

Bonne journée.

Toute l'équipe du bureau de Berlin.