On la disait morte et enterrée. Mais la politique allemande réserve en ce moment beaucoup de surprises. Après l’échec des négociations sur la formation d’une alliance « jamaïcaine » (conservateurs de la CDU/CSU + Verts + Libéraux), voilà que l’hypothèse d’une nouvelle grande coalition entre la CDU/CSU et le SPD reprend de la consistance. Martin Schulz, le chef du SPD, l’avait pourtant exclu. D’abord au soir des élections du 24 septembre. Le candidat à la chancellerie, constatant que son parti avait réalisé son pire score depuis l’après-guerre, avait annoncé qu’il retournait dans l’opposition. Puis, après l’échec de la coalition Jamaïque, il était resté sur cette position. Mais la pression est forte. Elle vient d’abord du président de la République fédérale, qui consulte en ce moment tous les partis pour sortir de l’impasse, et qui souhaite éviter la convocation de nouvelles élections. Elle vient aussi de l’intérieur du SPD, certains mettant en doute la stratégie suivie par Schulz. Vendredi dernier, le parti a donc décidé de ne pas fermer la porte aux négociations avec Angela Merkel, mais que les militants décideront en dernier ressort. La chancelière a déclaré vouloir « former très rapidement un gouvernement », l’Europe ayant besoin, selon elle, d’une Allemagne forte. Son allié bavarois, Horst Seehofer, a jugé hier dans la Bild qu’une nouvelle grande coalition était « la meilleure option pour l’Allemagne », mais il a aussi averti le SPD qu’il ne devait pas venir aux négociations « avec des demandes exagérées ». « La partie de poker a commencé », titre ce matin le Tagesspiegel. Et elle risque de durer encore quelques temps…
Ouverture du marché de Noël de la Breitscheidplatz, sous haute sécurité
Une centaine de plots en béton, une forte présence policière. Les autorités berlinoises n’ont rien laissé au hasard pour l’ouverture ce matin du marché de Noël de la Breitscheidplatz, là où, il y a bientôt un an, le terroriste Anis Amri fonçait sur la foule au volant d’un semi-remorque tuant 11 personnes. Ce matin, la Bild fait la revue des mesures de sécurité adoptées sur les 1500 marchés de Noël d’Allemagne, qui vont attirer près de 85 millions de visiteurs d’ici la fin de l’année et générer un milliard d’euros de recettes. La plupart des villes ont opté pour la solution des plots de béton. A Magdeburg, ces plots ont pris la forme de briques de Lego, alors qu’à Bochum ils ont été emballés dans du papier cadeau. A Bremerhaven, en revanche, pas de plots, la municipalité les jugeant inutiles: le marché a lieu au beau milieu d’une vaste zone piétonne.
En bref, les Blitzactus
A Dortmund, un chômeur surpris par une employée du Pôle Emploi local en train de faire la manche dans la rue a vu ses allocations rognées du montant estimé de sa mendicité. Soit 300 euros en moins sur les 760 euros qu’il touchait chaque mois. Avec l’aide d’une avocate, scandalisée par cette décision, il a réussi à faire baisser cette pénalité à 90 euros, mais il va devoir fournir à l’administration un journal d’activité et une projection de recettes sur les 12 prochains mois.
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Un responsable du parti populiste d’extrême-droite suédois a du démissionner après avoir déclaré que les musulmans n’était pas complètement humain. « Il y a une échelle qui va de 1 à 100 », a dit cet élu de la ville de Borlänge lors d’une conférence du parti. « A une extrémité de cette échelle vous êtes 100% humain, avec tout ce qui va avec. Et à l’autre bout vous êtes 100% mahométan ». La police a ouvert une enquête pour incitation à la haine raciale.
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Les Danois exigent de leurs responsables politiques de l’exemplarité, mais ils savent parfois être magnanimes. Une élue locale de Copenhague, qui avait du démissionner après avoir organisé sa cérémonie de mariage à l’hôtel de ville, sans dédommager l’administration, a finalement été réélue à son poste. Elle avait entretemps remboursé la municipalité.
Bonne journée !
Toute l'équipe du bureau de Berlin.