C’est ce matin que débutent, officiellement, les négociations pour la formation d’une future coalition gouvernementale entre la CDU, la CSU, les libéraux du FDP et les Verts. Pour mieux comprendre les enjeux de ces discussions, voici, sommairement résumées, les exigences des différentes parties en présence:
CDU: Angela Merkel est en position d’arbitre, mais elle est doublement affaiblie. Le score obtenu le 24 septembre est le pire de l’histoire de son parti depuis 1949, et la défaite dimanche dernier en Basse-Saxe a placé la chancelière en mauvaise posture. Elle ne pourra pas se montrer trop exigeante face aux trois autres formations, et pourrait être contrainte de lâcher, par exemple, un ou deux postes clés (comme les Finances), accepter les totems des uns (la fin du moteur à combustion chez les Verts) et des autres (de grosses baisses d’impôts chez les Libéraux). Mais le Spiegel expliquait récemment qu’Angela Merkel aurait déjà arrêté sa stratégie: elle souhaiterait se positionner à l’aile gauche de cette future coalition, une chancelière sociale qui multiplierait les gestes vis-à-vis de ceux qui décrochent (retraités, précaires), à coup de milliards de dépenses. La meilleure façon selon elle de lutter contre les populistes de l’AfD.
CSU: Horst Seehofer, le patron de la formation conservatrice bavaroise, joue gros. De plus en plus de voix s’élèvent dans ses troupes pour qu’il laisse sa place, après le très mauvais score obtenu par le parti aux élections. Lui se bat comme un diable, et a déjà obtenu de la chancelière un compromis sur une limite (non contraignante) de 200.000 réfugiés par an. Mais ce compromis va-t-il tenir avec les deux autres partis, les Libéraux et les Verts ? Rien n’est moins sûr…
FDP: les Libéraux ont déjà fait part de leur exigence numéro 1. Ils veulent le ministère des Finances. C’est bien parti, Wolfgang Schäuble allant quitter le poste pour devenir président du Bundestag. Mais Angela Merkel ne semble pas encore prête à lâcher ce portefeuille hautement stratégique. Si le FDP obtient gain de cause, cela va changer beaucoup de choses en Europe, les Libéraux ayant des positions très dures, parfois plus dures que Schäuble, sur la Grèce, la discipline budgétaire, les transferts dans la zone euro.
Verts: ils sont opposés à toute idée de limite ou plafond de réfugiés qui pourrait remettre en cause les principes du droit d’asile. Sur le papier donc, le compromis CDU/CSU ne devrait pas recevoir leur assentiment, sauf si la chancelière arrive à leur faire passer cette pilule en lâchant sur un autre point clé à leurs yeux: le moteur à combustion. Angela Merkel ne veut pourtant pas fixer de date pour la fin des moteurs diesel et essence, comme la France et d’autres pays l’ont fait. Mais après son volte-face surprise sur le nucléaire en 2009, il n’est pas impossible que la chancelière surprenne encore tout le monde sur ce point.
On le voit, c’est un jeu à quatre bandes qui démarre aujourd’hui. Mais les positions des uns et des autres sont parfois si éloignées qu’on se demande bien comment il vont pouvoir tomber d’accord. De l’avis général, ces négociations ne devraient pas, sauf surprise, aboutir avant Noël, voire début janvier.
La gauche radicale allemande se déchire sur les réfugiés
Die Linke, le parti de gauche radicale allemand, héritier de l’ancien parti communiste est-allemand, est confronté à un dilemme qui pourrait bien le faire exploser. Deux lignes s’affrontent en effet sur la question des réfugiés, à quelques jours d’un congrès capital à Potsdam. D’un côté Sarah Wagenknecht et Oskar Lafontaine, partisans d’une ligne plus dure sur l’immigration consistant à restreindre l’accueil en Allemagne pour développer les aides dans les pays d’origine. Les deux élus s’inquiètent de la fuite des électeurs Die Linke vers l’extrême-droite et l’AfD, particulièrement dans les régions de l’Est. De l’autre côté, il y a les tentants d’une ligne « refugee welcome », qui voit Wagenknecht et Lafontaine comme des hérétiques. « Si on se droitise sur la question des réfugiés, on risque de ruiner la crédibilité de Die Linke », expliquait l’un des responsables du parti, qui souligne que Die Linke a gagné de nombreux électeurs « urbains, mobiles, cosmopolites », plus particulièrement dans les régions de l’Ouest. Sauf qu’à l’ouest, le parti n’a fait que 5 à 7 % des voix, en hausse certes, mais loin des 15 à 20% dans les régions de l’Est, où le parti a perdu le plus d’électeurs au profit de l’AfD. Le problème est donc le suivant: en choisissant l’une ou l’autre de ces lignes, Die Linke est sûr de perdre des électeurs.
La Suisse, ce pays où l’on trouve des lingots dans les champs…
C’est un histoire typiquement helvétique. En 2012, deux employés de la commune de Klingau, dans le canton d’Aargau, découvrent dans un champ un sac plastique contenant plusieurs lingots d’or. Puisqu’ils travaillaient au moment de la découverte pour la commune, les deux cantonniers étaient légalement dans l’obligation de donner le trésor à leur employeur. Et la commune a du attendre cinq ans, comme la loi l’exige, qu’un éventuel propriétaire se manifeste. On a pensé un moment qu’il s’agissait d’un malfrat bosniaque, alors emprisonné, mais la piste n’a rien donné. Juste avant la date limite, deux personnes se sont manifestées, mais ont été déboutée après enquête de la police. Aucun propriétaire légitime n’ayant réclamé les lingots, ils sont revenus au « découvreur », c’est-à-dire à la commune qui a pu encaisser près de 100.000 euros !
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