Au Bundestag, les populistes veulent apparaitre comme les opposants numéro 1 à la chancelière Angela Merkel. Quitte à jouer la provocation permanente, comme le font déjà les élus AfD qui siègent dans les différents parlements régionaux.
Dimanche dernier, la phrase a fait l'effet d'une détonation dans la très sage vie politique allemande. Les résultats des élections fédérales à peine tombés, Alexander Gauland, l'une des deux têtes de liste du parti populiste, lance devant les caméras à l'adresse des autres formations politiques : « nous allons les traquer, nous allons pourchasser madame Merkel ». Comme si la chancelière, et avec elle la classe politique traditionnelle, étaient du gibier…
Cette phrase, volontairement provocante, a donné le ton. Les populistes entendent bien renverser la table du débat parlementaire, multiplier les coups d’éclats, pour monopoliser l'attention médiatique et faire parler d’eux. Ce n’est pas un procès d’intention que de dire cela, l’AfD a déjà démontré de quoi elle était capable à l’échelon régional. Le parti est aujourd’hui présent dans 13 parlements régionaux sur 16. On a donc un peu de recul pour voir ce que l’extrême-droite fait une fois qu’elle a des élus. Un avant-goût de l’ambiance qu’il y aura demain dans le Bundestag :
Au-delà de cette stratégie de la provocation, l'Alternative pour l'Allemagne va surtout disposer de moyens financiers importants maintenant qu'elle siège au Bundestag. En cumulant les salaires des 93 députés et l’enveloppe allouée pour les assistants parlementaires, cela fait 23,5 millions d’euros par an environ. Il faut y ajouter le remboursement des frais de campagne, près de 15 millions d’euros, et les recettes propres du parti (dons, cotisations), 3 millions en plus. Au total, le trésor de guerre s'élève à plus de 40 millions d’euros.
Voilà pour l’argent mais le parti disposera aussi de pouvoirs importants au Bundestag. Il peut déposer des amendements, faire des propositions de loi, poser des questions écrites à tous les ministères. Ce sont les pouvoirs dont disposent tous les partis qui siègent au Bundestag, mais les populistes comptent s’en servir à 100% pour jouer le rôle d’opposant numéro un à la chancelière Angela Merkel.
Par Amaury Guibert