Qui a voté quoi ? Autopsie d’un vote historique [revue de presse 26/09]

Pour la première fois depuis 1945, l’extrême-droite revient au Parlement. Ce matin, la presse allemande revient sur les ressorts de ces élections historiques, en dressant les profils des électeurs. Première constatation: les résultats des législatives soulignent de grandes disparités entre l’est et l’ouest. L’électorat populiste se trouve principalement dans les Länder de l’ex-Allemagne de l’est, où les populistes de l’AfD arrivent en deuxième position derrière le parti de la chancelière, la CDU. En Saxe-Anhalt, l’AfD bat même le parti de la chancelière avec 27% des voix. C’est à l’ouest, dans la ville de Münster (Rhénane du Nord - Westphalia), que les populistes ont enregistré leur plus mauvais score, ne dépassant pas la barre des 5%. En outre, comme le souligne le quotidien allemand Bild, “les hommes de l’Est ont voté principalement AfD”. 26% des hommes de l’Est ont voté pour les populistes, soit 13,4 points de plus que le score national de l’AfD. Les femmes de l’Est n’ont été que 17% à donner leur voix aux populistes. Au niveau national, cette tendance s’affirme: 16% des hommes ont voté pour l’AfD, les femmes n’ont été que 9%.

En ce qui concerne l’âge, une étude de l’institut Wahlen affirme que ce sont principalement des hommes de 60 ans vivant à l’est qui auraient voté pour l’AfD. En Allemagne, on estime que la moyenne d’âge des électeurs se situe entre 30 et 59 ans. Moins de surprises concernant les autres partis: l’ouest et le sud restent les régions où l’Union chrétienne-démocrate convainc le plus. Malgré de très fortes pertes, l’aile conservatrice de la CDU, la CSU, reste la première force de Bavière. Quant au SPD, il a réussi à se maintenir dans les grandes villes de la Ruhr et du Nord-ouest de l’Allemagne. Son meilleur score, bien que très faible, a été enregistré à Aurich-Emden avec 37,8%.

Angela Merkel est-elle responsable du succès de l’AfD?


Ce matin, le quotidien allemand Bild s’interroge sur les causes de la percée du vote populiste. Malgré ses quatre victoires et ses douze années de mandat, la chancelière Angela Merkel pourrait être la cause de cette débâcle. Plusieurs instituts de sondage ont estimé que l’AfD avait réussi à attirer plus d’un million d’électeurs de la CDU. Les populistes sont également parvenus à convaincre plus 1,2 million d’indécis, preuve qu’ils profitent à plein du refus des partis traditionnels.

Pour la Bild, l’erreur de la chancelière a été d’accepter pendant des années une grande coalition. Cette alliance avec le SPD obligeait la chancelière à n’être ni trop à droite, ni trop à gauche. Pour Horst Seehofer, le chef de la CSU, Angela Merkel a mis de côté “toute l’aile droite du parti”. Ces conservateurs oubliés par la chancelière se sont donc tournés vers les populistes qui ont axé toute leur campagne sur l’immigration.

Frauke Petry quitte l’AfD, coup d’éclat ou vraies divergences politiques?


Un coup de théâtre en direct sur les télévisions allemandes. Hier, lors de la première conférence de presse officielle de l’AfD, la présidente du parti Frauke Petry a surpris tout le monde en annonçant qu’elle ne siègera pas avec son parti au Bundestag. Le quotidien allemand Tagesspiegel se demande s’il s’agit d’un coup d’éclat organisé ou bien de vraies divergences politiques. Petry a affirmé sur Facebook que son parti “mettait de plus en plus de côté ses membres modérés”.

Une enquête de la télévision publique WDR a cependant révélé que le départ de Frauke Petry était manigancé depuis plusieurs mois. Selon un échange de mails entre dirigeants du parti, Petry aurait attendu les élections législatives pour quitter son parti, craignant ne pas être élue sans l’étiquette AfD. Fraude Petry a été élue députée du Bundestag avec 37,4% des voix dans sa circonscription.