Un jour après le soporifique duel télévisé qui opposait Angela Merkel à Martin Schulz, les Allemands ont pu assister hier soir à des vrais échanges politiques avec le débat des « petits » partis ». Étaient représentés: die Linke (gauche radicale), Les Verts, le FDP (libéraux), la CSU (conservateurs bavarois) et l’AfD (extrême-droite). Ces partis ne remporteront pas les prochaines élections fédérales mais ils pourraient jouer un rôle important dans la prochaine coalition. Les Verts et la FDP peuvent ainsi être des partenaires pour une alliance avec la CDU d’Angela Merkel. Autre enjeu important, savoir qui sera la troisième force politique du pays derrière les chrétiens-démocrates et le SPD.
Ce matin, la presse allemande est unanime pour souligner la qualité, et l’utilité, du débat d’hier soir. Contrairement au duel Merkel-Schulz, il s’agissait bien ici d’un débat sur le fond comme sur la forme. “Enfin une discussion”, titre ainsi le Tagesspiegel. Pour l’éditorialiste de la télévision publique allemande ARD, « après le débat de dimanche, celui d’hier soir fut un soulagement, nous avons vu des prises de position politiques, des attaques, des polémiques”. L’immigration a, comme pour le grand débat, au cœur des échanges, mais les petits candidats ont aussi débattu de thèmes plus concrets comme l’environnement, les logements sociaux et le terrorisme. Pour le Spiegel, “on a appris plus en regardant 5 minutes de ce débat que lors des 97 minutes d’échanges de banalités entre Merkel et Schulz”.
Les petits partis sont actuellement crédités de 6,5% (pour les Verts) à 10,5% (pour l’AfD). Le débat d’hier soir aura peut être permis aux 46% d’électeurs indécis de faire leur choix.
Merkel durcit le ton avec la Turquie
Lors du débat de dimanche soir, la chancelière avait rappelé sa position sur la Turquie: elle exclut toute adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Son porte-parole a annoncé hier qu’elle souhaitait mettre fin à toutes les négociations avec Ankara. Le sort de la Turquie devrait être évoqué lors du prochain sommet de l’UE qui aura lieu en octobre prochain. L’”atmosphère glaciale” entre Berlin et Ankara évoquée par le Tagesspiegel risque donc de durer. Le président Erdogan a répondu à chaud aux propos de la chancelière. Il lui reproche de céder encore “au populisme”, alors qu’un porte-parole du gouvernement turc temporisait en souhaitant que disparaisse “l’atmosphère compliquée qui a fait des relations turco-allemandes la victime de cet horizon politique étroit”.
Rencontre au sommet avec celui qui « fait fondre » la chancelière
Entre le débat télévisé, les tensions avec la Turquie, Angela Merkel a vécu un moment sans doute plus détendu hier à la chancellerie: elle a rencontré l’acteur américain Robert Redford, comme en témoigne la photo publiée sur le compte Instagram de la chancelière. L’acteur de 81 ans était accompagné de sa femme, Sybille Szaggars-Redford. Redford s’engage depuis de nombreuses années pour la protection de l’environnement et pour les droits des peuples indigènes aux Etats-Unis. La chancellerie n’a pas souhaité révéler le contenu de leurs échanges.
Un rendez-vous qui a du faire plaisir à Angela Merkel, fan incontestée de “Out of Africa”. Elle avait avoué à la Bild am Sonntag “fondre devant Robert Redford”.