Karl Marx à Trèves : à grand homme, grande statue ?

À l’occasion du 200ème anniversaire de la naissance de Karl Marx, la Chine va offrir un cadeau de taille à Trèves, la ville natale du philosophe et économiste: une statue mesurant 6,30 mètres de haut ! Un projet colossal qui suscite des réactions mitigées. 

C'est une statue monumentale qui sera érigée en plein centre-ville. Œuvre de l'artiste Wu Weishan, elle n'est pourtant pas du goût de tous les habitants: certains y voient un projet démesuré, lorsque les autres considèrent que l'époque a changé et qu'il est normal que la ville honore l'un de ses plus illustres enfants. Le maire de Trèves était pour et a convaincu son conseil municipal qui voté à une forte majorité en faveur de l’érection de la statue. Karl Marx revient donc à Trèves ! Regardez ce sujet réalisé avec Anne Fischer et Micaela Werth et diffusé dans notre chronique Sans Frontières de Télématin:

Ce qui dérange certains à Trèves n'est pas tant la taille de la statue que l'origine du cadeau. C'est l'argument soulevé par les Verts, représentés au conseil municipal. Ils ont voté contre la statue afin de « dénoncer les entorses aux droits de l’homme de Pékin ». Mais le maire défend le projet à la Deutsche Welle : cela « n’a rien à voir avec une quelconque glorification : ces temps-là appartiennent au passé » rétorque-t-il. Lors du conseil municipal, la CDU (droite) y a vu "un honneur pour la ville, espérant aussi que les touristes chinois viendraient encore plus nombreux à Trèves". Quant à Die Linke (gauche radicale), elle se réjouit de l’occasion pour que "le débat renaisse et que l’œuvre de Marx, en particulier son analyse pertinente du capitalisme, continue d’agiter les esprits".

Trèves est aujourd’hui devenue un lieu de pèlerinage pour les chinois, ils étaient 150 000 à venir l'année dernière visiter la ville sur les traces de Marx. Cette œuvre devrait en attirer encore plus. Mais il faudra attendre le 5 mai 2018 pour voir la vraie statue prendre place, en attendant une statue en bois aidera les habitants à s'habituer à ce changement de décor.

 

Par Sibylle Aoudjhane