Dans l'intimité d'Adolf Hitler: la vente polémique de l'album photo d'Eva Braun

Adolf Hitler souriant devant une foule d'enfants qui le saluent, à l'extérieur de sa résidence à Berghof. © C&TAuctions/BNPS

Le 15 mars prochain sera vendu aux enchères un album photo ayant appartenu à la maîtresse d’Adolf Hitler, Eva Braun. Ces photos montrent une rare proximité avec Adolf Hitler, qui apparait souriant et détendu. L’album est estimé entre 14 500 et 21 500 euros, un prix élevé alors que le principe même de cette vente choque ceux qui estiment que ces collections devraient reposer dans des musées. 

L’album d'Eva Braun aurait été retrouvé par un photographe anglais, Edward « Dixie » Dean, peu de temps après le suicide du couple nazi, en avril 1945. Le photographe faisait partie des premiers reporters à entrer dans la propriété du Führer à Berghof, située dans les Alpes bavaroises. Le Berghof était la résidence secondaire d’Adolf Hitler où il séjourna très régulièrement pendant la guerre, ce qui explique la présence de nombreux objets personnels. Rapidement, il racheta de nombreuses maisons autour de la résidence et fit construire un bunker où l'on retrouva là aussi de nombreux effets personnels.

L'album était rangé dans l'un des tiroirs de la table de chevet d’Eva Braun. Un soldat russe aurait aidé le photographe à ouvrir le tiroir avec sa baïonnette. Il y trouva quantité de photos de la vie intime d'Hitler. « Eva Braun était la première dame du Troisième Reich. Elle avait sans aucun doute gardé cet album à ses côtés jusqu'aux derniers moments de la guerre en 1945 », suppose Tim Harper de C&T Auctions Ashford, qui organise la vente aux enchères.

La maison de vente certifie que l'album photo est authentique car celui-ci est signé et daté de la main d’Edward Dean au 11 Août 1945. L’album contenait aussi un morceau d’article du Daily Mirror daté du 16 juillet 1945, montrant certaines photos de l’album dont une photo ainsi légendée : « précieuse photo d’Eva Braun et d’un bel homme S.S. ». De quoi alimenter la rumeur d'une liaison entre la maîtresse d’Hitler et l'un de ses gardes du corps.

Les 73 photos de l’album, prisent entre le début et le milieu des années 30, montrent notamment Adolf Hitler souriant et décontracté au balcon de sa résidence à Berghof, Heinrich Himmler marchant en lisière de forêt, mais aussi Goebbels et Goering. Une plongée dans l’intimité des dirigeants nazis qui ont rarement été présentés dans des situations si décontractées: Hitler souriant avec des enfants, Hitler seul et méditant sur fond de paysage bavarois… Le regard porté par la photographe Eva Braun, un regard intime, peut sembler perturbant, tant le décalage semble grand entre ces scènes de la vie quotidienne et l'horreur des actes commis par le dictateur. Certaines photos de l’album sont dévoilées dans l'article du Daily Mail.

 

Bureau privé d'Adolf Hitler à la Chancellerie du Reich à Berlin

Bureau privé d'Adolf Hitler à la Chancellerie du Reich à Berlin © C&TAuctions/BNPS

 

Heinrich Himmler, souriant et marchant près des arbres

Heinrich Himmler, souriant et marchant près des arbres © C&TAuctions/BNPS

 

Adolphe Hitler est montré pensif, seul sur la véranda de sa résidence

Adolf Hitler lisant sur la terrasse de sa résidence © C&TAuctions/BNPS

Une vente aux enchères qui pose question

L’album photo est le lot n°259 d’une vente intitulée : « Ephémères, livres et photographies » qui rassemble beaucoup de photographies historiques de guerre. De nombreuses ventes aux enchères ont déjà eu lieu avec des objets et vêtements de la Seconde guerre mondiale, ayant notamment appartenu à des nazis, Eva Braun ou Adolf Hitler lui-même. Le 18 juin 2016 par exemple, une vente a lieu à Munich intitulée « Hitler et les dirigeants nazis : un regard dans l'abîme du mal » comportant des chaussettes de Hitler, des calepins annotés de Himmler… Plus récemment le téléphone rouge d’Hitler a été vendu dans le Maryland pour 243 000 dollars, l'acheteur est resté inconnu. Contacté par Le Figaro, le Conseil des ventes volontaires (CVV), qui a pour mission de veiller au respect de la règlementation des ventes aux enchères, s’inquiète de ce genre d'opérations : « quelle valeur pécuniaire accorder à un tel objet qui n'a pas vocation à se retrouver de manière malfaisante dans une collection privée, et dont la place serait plutôt au musée ? ». Le catalogue de cette vente décrivait le téléphone comme « l'arme la plus destructrice de tous les temps, qui a conduit à la mort de millions de personnes partout dans le monde ». Un raccourci qui résonnait plus comme un argument pour convaincre de possibles acheteurs, et beaucoup moins comme le fruit d'un travail d'analyse et de réflexion historique.

 

Par Sibylle Aoudjhane