Donald Trump a accordé une interview conjointe au quotidien britannique The Times et à la Bild Zeitung. Le quotidien populaire allemand, plus gros tirage de la presse européenne, retranscrit, chose rare, sur une double page l’intégralité de cette interview qui laisse perplexe sur les intention du futur président américain quant à ses relations avec la première puissance européenne et à sa chancelière.
Tout en disant avoir « beaucoup de respect » pour Angela Merkel, Donald Trump passe sa politique à la sulfateuse: « je pense qu’elle a fait une erreur catastrophique et que c’était de prendre tous ces migrants illégaux. Et personne ne sait même d'où ils viennent. Aussi je pense qu’elle a fait une erreur catastrophique, une très grave erreur ». Le président-élu considère aussi que Berlin a pris trop de poids en Europe: « vous regardez l’Union européenne (...) c'est en gros un instrument pour l'Allemagne. C'est la raison pour laquelle je pense que le Royaume-Uni a eu bien raison d’en sortir ».
Sur le plan économique, Donald Trump menace les constructeurs automobiles allemands de sanctions s’ils leur prenaient l’envie d’aller produire des voitures au Mexique. BMW, qui prévoit d’y ouvrir une usine en 2019, est notamment dans le collimateur du président-élu: « je dis à BMW que s’ils veulent construire une usine au Mexique et vendre des voitures aux Etats-Unis sans y payer une taxe de 35%, ils peuvent oublier… ».
Enfin, questionné sur ses origines allemandes (son grand-père est originaire du village de Bad Dürkheim ), Donald Trump répond (in extenso comme reproduit par la Bild): « C’est formidable. Je suis très fier de l’Allemagne, et l’Allemagne est quelque chose de particulier. Bad Dürkheim c’est ça ? C’est la vraie Allemagne, non ? Pas de doute, c’est la vraie Allemagne. Non, je suis très fier de l’Allemagne. J’aime l’Allemagne. » Et quand le quotidien lui demande s’il a quelque chose d’allemand en lui, la foire aux clichés est ouverte: « j’aime l’ordre. J’aime quand les choses sont bien en ordre. Et les Allemands sont plutôt réputés pour cela. Mais moi aussi, j’aime l’ordre et j’aime la force. »
Les réfugiés, un accélérateur de croissance
L’arrivée en Allemagne de plus d’un million de réfugiés depuis début 2015 a eu et va continuer d’avoir un effet économique positif pour le pays. C’est ce que dit une étude de l’Institut pour l’Economie allemande de Cologne, une structure proche du patronat, et rapportée ce matin par le Tagesspiegel. D’ici 2020, le PIB va croitre de 90 milliards d’euros, soit 0,4 point de croissance en plus cette année, et environ 1 point par an d’ici 2020. Les efforts pour l’accueil et l’intégration des réfugiés entraîne en effet selon l’Institut une hausse notable de la consommation privée et des dépenses publiques. Mais il reste un enjeu de taille: intégrer les réfugiés sur le marché du travail. L’étude prévoit que la moitié de ceux arrivés à partir de 2015 auront trouvé un emploi en 2020. Par conséquent, le taux de chômage global devrait augmenter de 1,5 point et le revenu par tête baisser jusqu’à 800 euros par an en moyenne. Sauf si un effort conséquent est fait pour la formation, souligne les économistes de l’Institut: « l’effet d’accélérateur sera d’autant plus fort que l’intégration sur la marché du travail sera bonne ».
Bonne journée.
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