L’attentat de Berlin provoque un débat intense sur la réponse sécuritaire que l’Etat fédéral et les Länder doivent aujourd’hui apporter. Il est vrai que les ratés dans la surveillance d’Anis Amri (pisté pendant plusieurs mois, puis perdu de vue) ont montré combien les services de renseignement étaient mal coordonnés entre le niveau fédéral et les Etats-Régions. Le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a donc présenté plusieurs pistes de réformes, la principale consistant à centraliser les services de renseignements régionaux au niveau fédéral. Une proposition qui a provoqué l’ire des exécutifs locaux, de tous les bords politiques. Cette idée est pourtant défendue par la chancelière, qui, selon l’un de ses portes-paroles, « y voit une avancée importante » pour renforcer la sécurité intérieure ».
Baiser glacial de Bavière à destination de la chancelière
Les bavarois de la CSU font leur traditionnelle « retraite hivernale » ces jours-ci, une nouvelle occasion pour eux de mettre la pression sur Angela Merkel, à tel point que certains se demandent s’ils veulent vraiment continuer à gouverner avec la CDU après les élections de l’automne prochain… Le principal point d’achoppement reste les quotas de réfugiés: pas plus de 200000 par an disent les Bavarois ! Le patron de la CSU Horst Seehofer n’en démord pas, il veut que cette limite soit un élément de programme commun, alors que la chancelière l’a catégoriquement refusé. Le grand quotidien bavarois, la Süddeutsche Zeitung, souligne le double-jeu du chef de la CSU: « Seehofer soutient Merkel, mais il sape son autorité. Il est pour la continuation de la relation CDU/CSU, mais aussi contre. Il veut des mesures plus strictes pour la sécurité, mais il critique les propositions du ministre de l’Intérieur. Il soutient une approche chrétienne de la crise des réfugiés, mais soutient aussi la rhétorique populiste de la CSU sur cette question. Une chose est claire: le chef de la CSU aime avoir deux fers au feu… »
Le semi-remorque de l’attentat de Berlin doit-il aller dans un musée ?
La question est posée, notamment par le Tagesspiegel ce matin. Le camion Scania, utilisé par Anis Amri pour foncer sur un marché de Noël de Berlin le 19 décembre dernier et tuer 11 personnes, est pour le moment entreposé dans un hangar de conservation des scellés du parquet général de Karlsruhe. A disposition des enquêteurs aussi longtemps que cela sera nécessaire. Mais après ? Il pourrait être transféré au Musée de l’Histoire à Bonn (Haus der Geschichte), qui expose déjà des objets liés aux attentats commis par les terroristes d’extrême-gauche de la Fraction Armée Rouge, ou par la cellule néo-nazie de la NSU. « C’est encore trop tôt pour prendre une décision » pondère cependant le directeur du musée à l’agence allemande DPA. « Il faut attendre, avec respect, le bon moment. […] Ce genre de choses représente la souffrance humaine liée au terrorisme. Nous devons discuter sous quelle forme les actes terroristes commis par le groupe Etat islamique en Allemagne seront intégrés à notre collection ».
Berlinale: demandez le programme !
Le festival du film berlinois a dévoilé hier une partie de sa programmation, à un mois de son ouverture le 9 février prochain, et c’est une œuvre française qui lancera la compétition pour l’Ours d’Or. L’honneur revient à Django, biopic du célèbre guitariste de jazz Django Reinhardt, réalisé par Etienne Comar avec Reda Kateb dans le rôle titre. Le reste de la programmation n’est pas encore finalisée, mais on en connaît les temp forts. Le réalisateur finlandais Aki Kaurismaki présentera son dernier film, le roumain Calin Peter Netzer, qui a remporté l’Ours d’Or en 2013, sera aussi en compétition avec « Ana mon amour », et on ne manquera pas « The Party » du britannique Sally Potter, avec Bruno Ganz.
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