Quels enseignements tirer au lendemain des élections locales à Berlin ? A lire les unes de la presse ce matin, au-delà du score des populistes de l’AfD (14,1% des voix), les résultats sont d’abord un désaveu global pour la grande coalition gauche-droite qui gouvernait la ville depuis 2011. « Le gagnant d’une élection le plus faible de tous les temps », titre ainsi la Bild avec une photo de Michael Müller, maire sortant SPD. Le parti de centre-gauche arrive en tête, mais avec seulement 21,6% des voix, il perd 6,7 points par rapport aux dernières élections. La CDU, elle, ne totalise que 17,6% des voix, en baisse de 5,7 points. Les Berlinois ont désavoué l’exécutif actuel, et montré qu’ils voulaient « tenter » une autre formule (« n’importe qui d’autre » selon le Tagesspiegel) soit une coalition clairement plus à gauche, avec Die Linke (gauche radicale, 15,6% des voix) et les Verts (15,2%).
Et cela pourrait bien annoncer une recomposition plus global de l’échiquier politique allemand, d’ici les prochaines élections générales prévues dans un an, avec comme à Berlin la fin prochaine de la grande coalition gauche-droite. Si le SPD montre qu’il peut et veut gouverner localement avec les Verts et Die Linke, pourquoi ne pas le faire au niveau fédéral ? Pour la Süddeutsche Zeitung, cette recomposition « n’est pas forcément une mauvaise chose pour la démocratie, s’il y a de nouveau un peu de différences entre le SPD et la CDU ». Pour la Bild, « les Berlinois ont dit ‘tout sauf une autre grande coalition'. Cela pourra se produire pour les élections générales de l’année prochaine. c’est un avertissement pour Merkel et Gabriel [le chef du SPD] ».
Quels ressorts pour le vote populiste ?
Scrutin après scrutin, la dynamique se confirme. L’AfD poursuit son ancrage local en entrant dans un nouveau Parlement régional, le parti siège désormais dans 10 assemblées locales sur 16. Mais d’où viennent ses électeurs ? D’abord des abstentionnistes, 45% de ceux qui n’avaient pas voté en 2011 sont allés voté hier pour l’AfD. Ensuite des déçus de la CDU: 22% de ceux qui avaient voté en 2011 pour le parti de centre-droit ont fait défection pour l’AfD. Par ailleurs, le sondage sorti des urnes réalisé par la ZDF est riche d’enseignements sur le profil et les motivations de l’électeur moyen de l’AfD: un homme, ouvrier, peu diplômé, plus préoccupé par les enjeux nationaux que locaux, et qui souhaite d’abord sanctionner les autres partis plutôt qu’adhérer aux idées de l’AfD.
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