Les relations entre Berlin et Ankara sont passablement compliquées, et cela ne s’est évidemment pas arrangé depuis la tentative de putsch contre le président Erdogan. Le thème est traité presque tous les jours dans la presse allemande, autour notamment de cette question: les Allemands d’origine turque sont-ils plus fidèles à leur pays d’origine ou à leur pays d’adoption ? La chancelière elle-même s’est interrogée, Angela Merkel demandant à cette communauté de montrer plus d’attachement à l’Allemagne, alors que d’autres élus CDU et CSU se demandent s’il ne faut pas revenir sur le principe de double-nationalité. Des prises de positions qui divisent la grande coalition. La Haute commissaire chargé de l’intégration, elle-même d’origine turque, a déclaré que c’était une erreur de faire un tel procès en loyauté.
Ankara chercherait pourtant à utiliser la communauté turque d’Allemagne à son profit, si l’on en croit les informations de la Welt. Selon un expert en renseignement cité par le quotidien conservateur, les services de renseignements turcs auraient constitué un réseau d’informateurs très étoffé sur le sol allemand, avec pas moins de 6.000 « honorables correspondants ». Si leur tâche consistait uniquement à surveiller l’importante communauté turque d’Allemagne, estimée à 3 millions de personnes, cela ferait un informateur pour 500 personnes. En comparaison, du temps de la RDA, la redoutable Stasi n’avait qu’un agent pour 6.000 personnes. Mais Ankara utiliserait ce réseau moins pour collecter du renseignement que pour mettre la pression sur les opposants au président Erdogan. Un député des Verts a demandé que le Bundestag débatte rapidement de la coopération de l’Allemagne avec les services de renseignements turcs, et que cesse au plus vite « les activités subversives de la Turquie en Allemagne »…
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