Il y a un mélange d’inquiétude et de consternation dans la presse allemande, alors que se joue aujourd’hui un épisode crucial de l’histoire européenne. Le Brexit est un scénario que l’on craint à Berlin pour des raisons économiques (le Royaume-Uni est l’un des principaux partenaires de l’Allemagne très dépendante des exportations) et politiques (Berlin aura-t-elle le leadership suffisant pour éviter un délitement progressif de l’Union ?). Mais beaucoup de journaux semblent surtout atterrés par le fait que le sort de tout un continent se joue sur ce référendum. Ainsi, pour le quotidien économique Handesblatt, « le débat sur le Brexit a été supplanté par des luttes politiques intérieures. Pour beaucoup de Britanniques, ce référendum concerna la question de savoir qui est le meilleur premier ministre, David Cameron ou Boris Johnson. L’avenir du continent pourrait donc être décidé par une lutte de pouvoir au sein du parti conservateur. L’Europe et la Grande-Bretagne mérite mieux. ». Pour le Tagesspiegel, « fini de rire. Ce n’est plus un vote de protestation. Le populisme se propage en Occident. Au Royaume-Uni, le leader de UKIP, Nigel Farage, est le principal responsable. Sans lui, il n’y aurait pas eu de référendum. Les choses sont allés trop loin. »
La "quête d'identité des Britanniques"
Mais ce populisme britannique n’est-il pas le signe de problèmes plus profonds ? Pour la Süddeutsche Zeitung, voici le vrai ressort de ce Brexit: « L’Europe est un problème secondaire. Le problème principal concerne la quête d’identité des Britanniques. Ils se demandent: qui sommes nous ? Qui voulons nous êtres au 21e siècle ? Alors que la haine a souvent dominé les débats, une chose positive a émergé. Les Britanniques savent maintenant qu’ils doivent redéfinir leur identité nationale. »
Une "Europe déconnectée"
Enfin pour la Bild, rien ne sera comme avant après ce référendum. « Même si les Britanniques refusent aujourd’hui le Brexit, ce ne serait pas un vote pour l’Europe mais contre la sortie de l’Union. Aucune raison de se réjouir donc. Bruxelles a perdu son attractivité, et pas seulement pour beaucoup de Britanniques. Le grand projet européen d’intégration est déconnecté des gens, qui ne perçoivent que la bureaucratie, et non les projets positifs comme la protection du climat. Avec ou sans Brexit, l’UE doit redevenir attractive, sinon les citoyens vont continuer à écouter les ennemis de l’Europe. »
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