Satire anti-Erdogan: l'escalade [revue de presse 13/04]

Jan Böhmermann, le comédien auteur d’un poème très incisif contre le président turc Erdogan, est désormais placé sous protection de la police. Il a aussi annulé l’enregistrement de sa prochaine émission prévue à la fin de la semaine. Mais c’est surtout Angela Merkel qui se trouve dans une position difficile, après fait savoir qu’elle considérait le sketch comme « délibérément insultant », et que Berlin allait examiner la demande d’Ankara de poursuivre judiciairement Böhmermann. Hier, la chancelière a pourtant rappeler: « nous avons dans notre constitution des valeurs fondamentales, et ceci inclut la liberté d’expression. Ces valeurs existent indépendemment des problèmes politiques que nous pouvons aborder avec d’autres », allusion claire à l’accord sur les réfugiés conclu avec la Turquie. Mais pour le président du FDP, Angela Merkel a rendu l’Allemagne dépendante de la Turquie pour réduire de flux des réfugiés ». La FAZ est tout aussi sévère: « Angela Merkel a fait d’un potentat et de son régime le protecteur de nos frontières. Le président turc accuse Böhmermann de « crimes contre l’humanité », une accusation que l’on a entendu pour la première fois aux procès de Nuremberg. Ce n’est plus de la satire, c’est l’amère réalité politique ».

Des soldats dans les rues allemandes ?

Le débat est évidemment très sensible dans le contexte historique allemand, mais il a resurgit face à la menace terroriste. Le gouvernement réfléchirait à changer les règles d’intervention de l’armée pour pouvoir déployer dans les rues des soldats, en cas d’attaque terroriste ou de menace majeure sur la sécurité du pays. Mais pour le SPD, membre de la grande coalition, il s’agit d’une ligne rouge à ne pas franchir. Il faudrait de toute façon changer la constitution, ce qui est très loin d’être gagné. Mais la BZ s’interroge: « imaginons le pire scénario, l’arrivée au pouvoir d’un parti populiste avec des tendances dictatoriales. Il pourrait, si la constitution avait été modifiée, envoyer des soldats dans les rues au seul prétexte d’une menace imaginaire. Les gens peuvent soutenir que les constitutions ne freinent pas les gouvernements militaristes et anti-démocratiques mais ce n’est pas pour cela qu’il faudrait leur faciliter la tâche ».

Bonne journée.

Toute l'équipe du bureau de Berlin.