Cela fait bientôt quinze jours qu’une crise diplomatique sans précédent pourrit les relations entre la Turquie et l’Allemagne. A l’origine, une chanson satirique diffusée sur la chaîne NDR qui prend pour cible le président turc. Manquant visiblement de sens de l’humour, Tayyip Erdogan s’est offusqué de ce sketch, Ankara a officiellement protesté mais le gouvernement allemand a balayé les critiques au nom de la liberté d’expression. L’affaire aurait pu en rester là, sauf qu’un autre trublion s’en est mêlé. L’acteur et animateur Jan Böhmermann a lu un « poème » dans son émission Néo Magazin Royal, attaquant violemment le président turc, accusé « d’opprimer les minorités, de tabasser des kurdes et des chrétiens tout en regardant des films pédophiles »… La satire est-elle allé trop loin? Hier l’ambassadeur turc à Berlin a envoyé une demande officielle au ministère allemand des Affaires étrangères pour que des poursuites soient engagées contre l’humoriste. Depuis mercredi dernier d’ailleurs, le parquet allemand étudie si cela est possible, la section 103 du code pénal prévoit des peines en cas d’insultes contre des responsables étrangers. Angela Merkel elle-même a jugé ce sketch « délibérément blessant ». La ZDF a retiré le clip de son site et demande à Youtube d’en faire de même. Et pour Böhmermann, la morale de l’histoire est que lui et son employeur « ont montré les limites de la satire en Allemagne, enfin ! ».
Des milliers de réfugiés mineurs… disparus.
Le chiffre publié par plusieurs médias allemands aujourd’hui est glaçant. Près de 6000 réfugiés mineurs (5835 très exactement) ont disparu l’année dernière en Allemagne, 555 ayant moins de 14 ans. Beaucoup de mineurs ont pris le chemin de l’exil sans leurs parents. Une fois arrivés en Allemagne, ils ont pu rejoindre par leurs propres moyens des membres de leur famille déjà installés dans le pays, mais rien ne permet d’en avoir la confirmation. Pour la députée des Verts à l’origine de la question au gouvernement qui a révélé ce chiffre, il y a urgence à agir, l’Etat n’ayant « pas pris sérieusement en considération le risque de de la prostitution forcée et de l’exploration » de ces mineurs.
Bonne journée.
Toute l'équipe du bureau de Berlin.