La recherche de l'énergie propre a parfois des effets pervers. C'est le cas pour le biogaz.
Au départ pourtant, l'idée est bonne : utiliser des déchets agricoles en fermentation pour créer du méthane, un gaz utilisé dans les transports ou pour produire de l'électricité. Une petite révolution qui a trop bien marché outre-Rhin.
Premier pays producteur en Europe, l'Allemagne fait face à un problème de taille. Près de 8 000 usines de méthanisation se sont implantées dans le pays ces dernières années. Petit à petit, les paysages ont changé et les terres dédiées au biogaz ont pris le pas sur les autres, attisant la colère des exploitants agricoles.
Aujourd'hui, ce sont des régions entières qui sont complètement désorganisées.
Comme celle du Brandebourg qui entoure Berlin. Éleveur, Carlo Horn cultive aussi des céréales bio. Depuis le développement du biogaz en Allemagne, il a vu ses conditions de vie et de travail se dégrader.
En l'espace de quelques années, son exploitation est passée de 640 à 400 hectares et pour boucler ses fins de mois, il est devenu conseiller agricole. Une situation qui, selon lui, est directement lié au biogaz.
" 800 000 hectares soit 4% de la surface agricole exploitée en Allemagne sont consacrés à la culture de plantes pour la production de biogaz, majoritairement du maïs. C'est autant de terres qui ne reviennent pas aux petits exploitants", se désole-t-il.
Pour s'en sortir, certains de ses voisins ont décidé de cultiver des plantes pour les usines de méthanisation. Un choix plus rentable mais qui a des conséquences négatives sur l'économie locale.
Des terres de plus en plus chères
Autour de la ferme de Carlo Horn, les terrains sont rachetés à tour de bras pour produire du biogaz.
Un sort que l'exploitant redoute de subir. "Je loue mes terres mais quand les baux seront terminés, les terrains seront rachetés par une usine de méthanisation ou par les agriculteurs qui leur livrent des plantes", explique-t-il.
La demande de terrains agricoles a fortement augmenté en Allemagne et depuis, les prix ne cessent de flamber laissant les agriculteurs qui n'ont pas fait le choix de l'énergie verte sur la touche.
Pour de nombreux agriculteurs, c'est la désillusion
Il faut dire que la volonté de développer le biogaz ne date pas d'hier. En 2000, l’État allemand, avec sa loi sur les énergies renouvelables, propose des prix avantageux pendant 20 ans à ceux qui injectent de l'électricité issu du biogaz dans le réseau électrique.
Mais cette mesure vient d'être stoppée net par une nouvelle réglementation. Berlin a baissé le rachat du tarif de l'électricité produite par ce gaz. Se lancer dans l'aventure biogaz devient donc plus compliqué pour les industriels allemands.