A entendre hommes politiques et économistes, l'Allemagne serait un modèle, un eldorado économique et social que les autres pays européens seraient désireux de copier.
Mais derrière sa place de premier exportateur du continent, au taux de chômage très bas malgré la crise, le pays porte un lourd fardeau. Celui de la précarité de sa population. Et notamment des plus jeunes. En effet, chez les moins de 15 ans, le taux de pauvreté ne cesse d'augmenter.
Selon une étude menée par la Bertelsmann-Stiftung, 2,1 millions de jeunes vivent en dessous du seuil de pauvreté, à savoir 60% du revenu moyen de la population. Dans le cas de l'Allemagne, il est de 1848€ pour un foyer de quatre personnes.
Issus de familles nombreuses, monoparentales ou d'origine étrangère, ces enfants sont confrontés à des conditions de vie difficiles. Problèmes de santé par manque de soins, échec scolaire, exclusion sociale, ils sont directement touchés par la précarité dans laquelle vivent leurs parents.
Un système d'aide sociale qui paupérise le pays
En Allemagne, la pauvreté infantile préoccupe les pouvoirs publics depuis longtemps. Sans que jamais ils ne puissent la freiner ou mieux, la stopper.
Aujourd'hui, les aides de l’État semblent insuffisantes et c'est toute l'organisation du modèle social allemand qui s'effrite peu à peu. En effet, sur les 2,1 millions d'enfants pauvres, seuls 950 000 obtiennent des aides de l’État. Ils vivent alors du tristement célèbre Hartz IV, de l'aide sociale.
Mais avec 359€ par mois pour une personne seule et quelque 200€ de plus par enfant, impossible de s'en sortir. Depuis la mise en place de la réforme de l'indemnisation chômage en 2005, le nombre de jeunes pauvres de moins de 15 ans a doublé.
Et l'instauration d'un salaire minimum de 8,50€ de l'heure au 1er janvier 2015 ne devrait pas changer la donne. "C'est un signe positif", a commenté Ülrich Schneider, le président des associations du domaine social en Allemagne. "Mais cela ne change pas le fait que de nombreux pauvres occuperont des mini-emplois, ne recevront plus d'aide de l'Etat et ne pourront donc plus subvenir à leur besoin et à ceux de leur famille."
Quel est donc l'avenir de ces enfants ? Née dans la pauvreté, sans perspective, cette génération ne manquera pas de se faire entendre dans les prochaines années. Obligeant l'Allemagne à ouvrir les yeux sur cette triste réalité.