Les gens qui ont peur de rougir sont ereutophobes. Ceux qui ont peur de vomir émétophobes. Et les enfants qui repoussent leur assiette d'épinards seraient "néophobes"... J'ai découvert avec surprise ce mot barbare aujourd'hui, en voyant passer un communiqué de presse de la Fondation Nestlé. Celle-ci a présenté les résultats, mardi 26 février, d'une étude baptisée "néophobie et sélectivité alimentaire : impacts des pratiques éducatives". En gros, comment réussir à enfourner une cuillerée de salsifis dans la bouche de votre progéniture ? Car celle-ci souffre peut-être de cette pathologie inquiétante. Celle qui consiste à n'aimer que les frites et les pâtes.
Pour ma gouverne, je suis allée faire un tour sur cette encyclopédie en ligne nommée internet. Et j'ai découvert que le mot "néophobie" comptait 12 500 occurrences sur Google. Pas mal. J'ai repéré, notamment, un article du Figaro Santé. Il y est écrit que "la néophobie alimentaire est un sentiment de peur face à de nouveaux aliments. Les enfants présentent alors une grande réticence à goûter les mets inconnus et ont tendance à trouver mauvais tout nouvel aliment qu’ils acceptent de goûter". Ce symptôme est fréquent entre 2 et 5 ans. Ok, donc ma fille est néophobe. Et sans doute aussi tous les enfants du même âge autour de moi.
C'est grave docteur ?
Certes, devoir passer trois heures à chaque repas pour leur faire avaler un légume vert est fatiguant. Constater que même les plats faits maison recueillent un "beurk", "pas ça", "pas bon" est très vexant. Mais pourquoi inventer un mot pareil pour décrire cela ? La "phase du non", "la recherche de sécurité et d'autonomie" passent encore. Mais "néophobie"... Juste de quoi bien faire stresser les parents.
Heureusement, nous dit l'étude de la Fondation Nestlé, ces derniers ont des recours. Tels que "continuer à proposer plusieurs fois un légume que l’enfant refuse de goûter". Beaucoup abandonnent définitivement l'idée de lui faire manger des petits pois. "L’attitude permissive qui consiste à laisser l’enfant décider s’est révélée la moins efficace", poursuit le communiqué. Et si vous avez un enfant de "nature facile", optez pour "l'autorité" ("Tu goûtes, c'est la règle"). Si junior a au contraire tendance à se braquer, un "style démocratique" sera plus efficace (là, je ne vois pas trop).
Néophobie mise à part, les conseils prodigués dans le document se recoupent tout de même avec ce que j'ai pu vérifier. Montrer les aliments avant de les cuisiner, faire participer l'enfant à la dite cuisine (pas trop quand même hein, rapport aux accidents domestiques) et manger la même chose que lui à table, sans avoir les yeux rivés sur son assiette, sont des stratégies qui marchent à peu près. Et oui, c'est normal si votre enfant mange mieux à la crèche, à l'école ou chez ses grand-parents. Il est juste "chiantophile".