Obésité : "Les régimes répétés peuvent faire grossir les femmes"

Depuis 15 ans, l'augmentation de l'obésité est plus nette chez les femmes en France, notamment chez les 18-25 ans. (DIMITRI VERVITSIOTIS / GETTY IMAGES)

C'est l'un des enseignements de l'étude ObEpi-Roche, publiée mardi 16 octobre : les femmes sont désormais plus touchées par l'obésité que les hommes en France. Et ce, même si l'épidémie marque le pas chez les deux sexes. Voici les trois enseignements à retenir de cette enquête, menée tous les trois ans auprès de plus de 25 000 personnes âgées de plus de 18 ans. L'une de ses auteures, Marie-Aline Charles, épidémiologiste à l'Inserm, nous aide à les interpréter.

1En 2012, la proportion d'obèses est plus forte chez les femmes

Les faits : En 2012, 15,7% des femmes sont obèses contre 14,3% des hommes. La courbe s'est inversée en 2006. Mais cela fait quinze ans que l'augmentation de l'obésité est plus nette chez les femmes, notamment chez les 18-25 ans (+ 89,2% contre + 62,5% chez les hommes). C'est toutefois entre 35 et 55 ans que l'écart est le plus important avec les hommes. Passé cet âge - et celui de la ménopause -, cette tendance s'estompe.

Les explications : cette prévalence de l'obésité chez les femmes est une spécificité française, selon Marie-Aline Charles, difficile à justifier pour l'instant. Elle évoque toutefois quelques pistes intéressantes : les régimes répétés, qui peuvent faire grossir les femmes au lieu de les faire maigrir. Lors des périodes de disettes alimentaires, l'organisme apprend à stocker. Sauf qu'il continue lorsque l'on recommence à manger normalement. D'où une prise de poids plus importante après le régime. Parmi les autres éléments d'explication cités par la spécialiste figurent le manque d'activité physique chez les petites filles, plus prononcé que chez les garçons à l'heure de la sédentarité et de la télé, les perturbateurs endocriniens et le stress psycho-social, auquel les femmes sont plus sensibles.

2C'est chez les jeunes que l'obésité augmente le plus vite

Les faits : Même si la fréquence de l'obésité augmente avec l'âge, c'est dans la tranche des 18-24 ans que son augmentation a été la plus importante entre 2009 et 2012 (+35% alors que la variation va de -1,5% à +4,5% à d'autres âges).

Les explications : Pas de surprise, selon Marie-Aline Charles, dans la mesure où l'obésité a commencé à augmenter en France dans les années 1980-1990 et que les enfants de cette génération arrivent à l'âge adulte. Les causes sont connues depuis longtemps : moins d'activité physique avec l'urbanisation, le développement des transports - pour aller à l'école notamment -, et le temps passé devant la télévision. L'alimentation, de moins en moins chère mais de plus en plus calorique, est consommée en quantité plus importante.

3La progression de l'obésité marque le pas en général

Les faits : C'est la bonne nouvelle de cette étude. Pour la première fois en quinze ans, la progression de l'obésité a marqué le pas en France entre 2009 et 2012. Certes, on compte près de 7 millions d'adultes obèses en 2012, contre 3,3 millions en 2007. Mais la tendance est à l'infléchissement de la courbe.

Les explications : Là encore, difficile d'expliquer ce phénomène tant les facteurs de l'obésité sont multifactoriels (génétiques, psychologiques, sociaux-économiques, environnementaux...). Mais selon Marie-Aline Charles, ces résultats ne peuvent être qu'encourageants au regard des politiques de santé publique menées dans ce domaine depuis quelques années. Qu'il s'agisse des messages sur "les cinq fruits et légumes par jour" - pourtant controversé - ou de l'interdiction des distributeurs de barres chocolatées et de sodas dans les établissements scolaires, ces actions ont sensibilisé la population et, selon l'experte, ce n'est pas le moment d'arrêter.

Publié par Catherine Fournier / Catégories : Actu