Louis de Funès, toute sa vie est une bande dessinée

Louis de Funès caricaturé par Charles Da Costa (Editions Jungle).

Trente-sept ans après sa mort, Louis de Funès continue de nous surprendre et de nous faire rire. A la cinémathèque à Paris quand elle rouvrira, dans les rediffusions à la télé et en bande dessinée.

Une grande rétrospective devait lui être consacrée à la Cinémathèque française à Paris. Elle devait débuter le 1er avril mais le coronavirus s’est invité avant. Les portes fermées de la cinémathèque n’ont pas empêché  l’acteur de passer par la lucarne du petit écran. Agissant comme un antidépresseur, ses films sont, dans le confinement général, largement diffusés à la télévision en ce moment. Et le succès est au rendez-vous avec 5 millions de téléspectateurs sur France 2 pour La Grande Vadrouille le 23 mars et 4 millions pour Les Aventures de Rabbi Jacob le 5 avril.

Un héros de BD

Son talent est bien toujours vivant, fait de mimiques, de grimaces, d’emphase et d’onomatopées. Dans les interviews, les articles de presse, l’acteur est souvent comparé à un personnage de bande dessinée. L’inverse est vrai aussi. Nombre d’auteurs ont en tête Louis de Funès quand ils créent leurs personnages. Dans Comment faire fortune en juin 40, le scénariste Xavier Dorison avoue que ses « héros sont des espèces de Louis de Funès prêts à l’action ».

Louis de Funès dans La Soupe au choux dessiné dans la biographie en BD de Dimberton et Chabert (Editions Delcourt).

Astérix sans les moustaches

Incarné en chair et en os un héros de papier, le comédien y a vraiment songé. Louis de Funès a tourné en 1950 dans une adaptation de Bibi Fricotin, personnage créé par Louis Forton. Il n’y joue pas le héros incarné par Maurice Baquet mais un maître-nageur. Une petite scène pour un tout petit rôle. Plus tard, il visera bien plus grand. Uderzo raconte que l’acteur les avait rencontrés, lui et Goscinny, pour le rôle d’Astérix. Coquetterie ou orgueil, il leur avait demandé s’il pouvait incarner le personnage sans les moustaches afin que le spectateur puisse le reconnaître. Le film ne se fera pas pour d’autres raisons mais Uderzo et Goscinny ne voulaient pas d’un petit Gaulois sans bacchantes. Louis de Funès retrouvera Uderzo sur L'Avare en 1980. Louis de Funès est acteur-réalisateur sur ce film et demande à Uderzo de lui dessiner les deux chevaux d'Harpagon pour un fond de décor.

Curieusement Louis de Funès et ses films, comme Les Gendarmes, n’ont jamais connu de déclinaison en bande dessinée. Est-ce qu’il aurait accepté, lui a-t-on proposé ? Uderzo ne l'a pas caricaturé dans Astérix comme il avait l'habitude de le faire avec les vedettes de cinéma comme Jean Gabin ou Lino Ventura. C'est Morris qui le fera dans un album de Lucky-Luke, en 1981, Le Bandit manchot. Sourcil épais et colérique, Louis de Funès incarne un "boss" peu scrupuleux.

Louis de Funès dessiné par Morris dans Lucky Luke, Le Bandit manchot (Dargaud).

Le succès pas avant 40 ans 

Le personnage qu'il incarnera finalement le plus en BD est le sien dans une biographie de François Dimberton au scénario, Alexis Chabert au dessin et Magalie Paillat à la couleur. Louis de Funès n'a pas eu une vie commune ni facile. Son récit se prête très bien à la bande dessinée. Une vie de folie et de grandeur aux éditions Delcourt revient fort justement sur le contexte familial. Le père est un looser qui va dilapider l’argent de son ménage, accessoirement celui de son épouse, dans des affaires minables. Il simulera même un suicide pour fuir en Amérique du Sud. Sa mère va tenir courageusement ce qui reste de la cellule familiale. Les débuts du jeune Louis dans le monde du spectacle sont aussi modestes. En fait, il n’est pas passé loin de rester un petit pianiste de bar, musicien pour fond sonore. Le succès viendra tardivement au cinéma, à 43 ans, avec La Traversée de Paris après une soixantaine de films et beaucoup de seconds rôles.

Louis de Funès alias Jambier dont on connait maintenant l'adresse dans la Traversée de Paris (Dimberton / Chabert - Edition Delcourt).

Les caricatures de ses films

La biographie dessinée enfile ensuite un peu vite et sans trop de fantaisie la filmographie à succès de celui qui fut comédien, scénariste et réalisateur. Il y avait pourtant des anecdotes au sujet de ces films. Il manque des pages à cet album qui reste malgré tout une BD très agréable à découvrir. Si vous souhaitez aller plus loin, des albums, qui sont plutôt des livres illustrés, nous plongent dans l’univers de certains de ses films. Philippe Chanoinat à l’écriture est accompagné du caricaturiste Charles Da Costa pour deux ouvrages, l’un sur Les Gendarmes aux éditions Glénat et l’autre sur Rabbi Jacob et La Folie des grandeurs aux éditions Jungle. Complets, précis et aux caricatures bien senties, ces deux livres sont des incontournables sur Louis de Funès et les acteurs qui l’accompagnent et nous accompagnent confinés que nous sommes.

Louis de Funès dans La Folie des grandeurs dessiné par Charles Da Costa (Editions Jungle).

La biographie Une vie de folie et de grandeur (10 euros) tout comme En compagnie des Gendarmes (9 euros) et Rabbi Jacob & La Folie des grandeurs (5 euros) sont disponibles en version numérique sur la plateforme Iznéo.